Peu après l’occupation, le président américain, Woodrow Wilson aurait affirmé que l’invasion visait à stabiliser Haïti. Mais les actions des occupants racontèrent une histoire tout à fait différente. Le traité haïtiano-américain de 1915, qui donna un visage légal à  l’invasion en la transformant en une occupation permit aux Américains d’atteindre un but poursuivi depuis plus de 20 ans : le contrôle des finances du pays. Pour protéger leurs intérêts commerciaux et politiques, ils créèrent leur propre force armée et policière connue d’abord sous le nom de gendarmerie.

Dans la sphère purement politique, ces dirigeants utilisèrent tous les moyens pour assujettir les acteurs. Ils ont d’abord jeté leur dévolu sur Philippe Sudré Dartiguenave, un sénateur malléable et favorable aux intérêts américains, et ensuite sur Louis Borno, son ministre des affaires, qui avait négocié les terme du traité de 1915. Les lois haïtiennes et la constitution ont été révisées pour permettre aux étrangers d’acheter des terres, ce que les constitutions avaient interdit jusqu’alors.

Ceux qui se sont opposés à l’invasion américaine ont été assimilés à des rebelles et soumis à une répression brutale. Charlemagne Péralte, par exemple, a été lynché, et son corps à moitié nu fut exposé au public.

Les officiels de l’occupation, cependant, n’ont jamais pleinement compris les tensions sociales haïtiennes. Ces tensions, ainsi que la réduction des services provoquée par la diminution des revenus du gouvernement, ont entraîné des grèves et des troubles généralisés à la fin de 1929. 22 Haïtiens presque tous des paysans ont été tués  et 51 autres furent blessés lorsque les marines, aidés des membres de la gendarmerie ont ouvert le feu sur une manifestation pacifique de plus d’un millier agriculteurs qui dénonçaient la misère suite au cyclône qui ravagea la côte sud en août 1928, l’emprisonnement de leaders de la région, et les scellés apposés sur les distilleries de « Quatre Chemins » près de la ville de Cayes dans la méridionale d’Haïti. Cette tuerie passa à l’histoire comme l’événement de Marchaterre.

Les Haitiens qui vivaient déjà au coeur d’un monde de prejudices alimentés par les élites au teint un peu plus clair que la majorité, découvrirent dans toute sa barbarie et violence le racisme reflété non seulement dans les rapports de tous les jours, mais surtout dans les camps militaires construits un peu partout et l’expropriation des paysans dans les bénéfices d’une idemnité. S’abritant derrière la censure militaires, ils ont tenu secrètes la plupart de ces violences et atrocités.

Le président Herbert Hoover, qui n’a jamais été un partisan de l’occupation, s’est servi de ce massacre écoeurant pour nommer une commission chargée de déterminer une sortie honorable des troupes américaines d’Haiti. La Commission, dirigée par l’ancien gouverneur américain des Philippines, W. Cameron Forbes, recommandaient un retrait en conjonction avec une « haïtianisation » des services mis en place, y compris le commandement de la gendarmerie.

Le 14 août 1934, l’occupation prit virtuellement fin. Cinq présidents américains eurent à la gérer:

1. Woodrow Wilson (1915-1921) sur la président de qui tout a commencé.
2. Warren G. Harding (1921-1923)
3. Calvin Coolidge (1923-1929)
4. Herbert Hoover (1929-1933)
5. Franklin D. Roosevelt (de 1933)

Le rare aspect positif de l’occupation, fut la réorganisation du système éducatif du pays et le renforcement de certaines de ses infrastructures. Ce dernier malheureusement fut teintés par les moyens souvent utilisés pour y parvenir : le travail forcé connu sous le nom de corvée.

L’occupation se termina virtuellement en 1934, mais les Haïtiens continuent jusqu’aujourd’hui à subir les conséquences de ses méfaits. Par exemple, les leaders de l’après-occupation ont continué à renforcer un contrôle indiscutable sur la politique rurale, expropriant les paysans de leurs terres pour bâtir des usines produisant des marchandises pour le marché américain. Ils continuent à utiliser les tactiques de l’occupant pour étouffer la dissidence. Ils se montrent très attentifs aux Américains et à leurs intérêts souvent au détriment des intérêts suprêmes de la nation qu’ils dirigent.