De 1843 à 1915, Haiti a connu 22 présidents. 32 juntes ou conseils de gouvernement. Les présidents se recrutèrent dans toutes les catégories. Elle a eu des tyrans (Michel Domingue), des nationalistes (Soulouque, Salomon, Nord Alexis), des incompétents, des populistes (Salnave), mais tous ont voulu réduire les législatures au rang de valets et tous, hormis Michel Oreste, ont été des militaires.

L’ordonnance royale de Charles X signée en 1825 n’avait pas pu intensifier les relations diplomatiques entre Haiti et les autres pays. Mais durant cette période, Haiti essaya de sortir de son isolement par l’établissement de relations diplomatiques avec quelques  pays dont les Etats-Unis et le Saint Siège. Plusieurs des représentants diplomatiques avaient pri l’habitude d’accueillir les opposants en fuite, de protéger les présidents tombés en disgrâce ou poursuivis par la populace. Malheureusement, quelques-uns de ces représentants se sont rendus complices des actes d’extorsions de leurs gouvernements en encourageant leurs compatriotes à porter plainte contre l’État haïtien pour des bagatelles: L’affaire Luders (6 décembre 1897) en fut l’une des plus criantes et révoltantes.

La période qui va de 1889 à 1915 demeure l’une des plus tumultueuses de l’histoire d’Haiti. Lorsque Salomon qui termina son premier mandat, arriva à briguer un second, il suscita bien de mécontents et fut finalement renvoyé. Après son départ, 10 président se sont succédés. Les empreintes laissées par ces différents gouvernements restent profondément gravées dans l’esprit du peuple et de ceux qui exercent à quelque titre de hautes fonctions dans l’État. Marquée par l’ambition du pouvoir, des généraux firent de la présidence, malgré son caractère éphémère, le couronnement de leur carrière militaire.

Cette époque fut tissée de scandales, d’humiliations infligées à la patrie par des puissances sur simple complainte de leurs ressortissants. Elle expose l’antinationalisme de l’élite qui avait perdu son pouvoir avec la disparition du parti Libéral en 1883. Cette élite alimentait les divisions sociales et menait ouvertement campagne pour une annexion du territoire par les États-Unis.

Au lieu d’une l’annexion, la puissance du Nord nous occupa et nous imposa ses lois pendant 19 ans.