Textes et Documents » Jean M. Antoine

📂 Peut-on vraiment « aimer la peur »?

“Joubert est un homme heureux… Alors il a fini par aimer la peur.”

C’est ce constat qu’a fait Yanick Lahens, auteure des Douces Déroutes (Le Mans [France] : Editions Libra Diffusion; 2019; chap. 19, p. 153) à propos de Joubert connu dans le monde du crime sous l’alias “Jojo Piman Pike”.

Joubert est l’un des personnages du roman avec une éducation rudimentaire. Pour survivre et obtenir un semblant de respect dans son milieu, il s’allie à un gang spécialisé dans l’accomplissement des basses besognes pour le compte de certaines autorités et des membres de l’élite financière. Son expérience de la rue et des gangs lui a fait comprendre que dans une ville comme Port-au-Prince, le malheur guette à tout moment un jeune homme (p. 146), surtout si celui-ci est identifié à un gangster, qui tue des personnalités respectables sur commande. Alors il a peur. Mais est-il vraiment arrivé à aimer cette peur parce qu’il connaît des moments d’auto-satisfaction?
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📂 Sommes-nous en train de devenir un peuple d’assassins?

Sommes-nous en train de devenir un peuple d’assassins? C’est la question qui nous est immédiatement venue à l’esprit en apprenant l’assassinat du bâtonnier de l’Ordre des avocat de Port-au-Prince, Maitre Monferrier Dorval. Nous étions alors au dernier vendredi de la dernière semaine du mois d’août, une semaine marquée par une augmentation de la criminalité.

Que des hommes circulant en moto tuent impunément prouve que notre corps social s’effrite, de cette effrittement qui peut s’avérer irréparable à la longue. (suite…)

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📂 L’une des leçons du Covid-19

Le monde, depuis quelques semaines, ne vit pas seulement au ralenti, il est, dans la majorité des régions, immobilisé avec des confinements ou des mises en quarantaine collective. Il est, de plus, financièrement destabilisé.

Les gouvernements des pays où le virus se propage avec une grande rage essaient de montrer à leurs citoyens qu’ils dominent la situation, ce qui ne convainc pourtant pas ces derniers. Ils sont eux-mêmes en possession de statistiques qui ne mentent pas. Leurs chefs pourtant continuent, presque quotidiennement, à multiplier des déclarations parfois en flagrante contradiction avec leurs propres experts sur les maladies infectieuses . (suite…)

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📂 Covid-19: Angoisse, anxiété et peur

J’ai été ce matin dans un supermarché généralement bien achalandé de la périphérie de Boston. La majorité des étagères contenant des produits de première nécessité étaient pratiquement vides. Et la ligne conduisant à la caisse était si longue qu’il m’a fallu près de trois heures pour m’acquitter de mes achats.

Les acheteurs exerçaient une patience et une retenue qui feraient l’orgueil de leurs leaders. Certains maniaient fiévreusement leurs téléphones mobiles; d’autres, tout en respectant la distance sociale recommandée par les responsables de la santé publique, s’entretenaient avec le compagnon le plus proche.

De ces conversations resonnait l’écho d’une grande anxiété qu’on essayait de son mieux de voiler. Quant aux enfants, ils ne cessaient d’interroger les adultes qui les accompagnaient. Une fillette, observant tant de monde un vendredi matin, demanda à sa mère: « Ça ressemble à la Noël. Est-ce que le père Noël revient bientôt? » La mère répondit calmement: « Non, mon chou, ce n’est pas la Noël » . Et de marmonner : « Le père Noël ferait mieux de revenir et nous retirer de ce pétrin ». (suite…)

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📂 12 janvier 2010 – 12 janvier 2020: 10 Ans

Où étais-je ce mardi 12 janvier 2010?

J’étais à une courte distance de mon domicile, revenant du boulot, quand ce grand malheur frappa Haiti, ce mardi 12 janvier 2010. Quand j’ouvris la porte, les membres de ma famille m’accueillirent avec la nouvelle du désastre. La chaîne de télévision CNN venait juste d’annoncer, par un flash spécial, qu’un séisme de grande magnitude avait frappé Haïti et les présentateurs promettaient de plus amples détails.

Dans les heures qui suivent, et avec les yeux collés sur le petit écran, j’ai compris alors l’ampleur des dégâts.

Haïti, mon pays, qui pendant près d’un demi siècle, naviguait dans une mer agitée par les passions des uns, les bassesses et la lâcheté des autres, et commandé par des capitaines qui tenaient beaucoup plus à leurs titres, à leur privilèges et aux marchandises qui se trouvaient dans sa cale qu’au bien-être des passagers qui se trouvaient dans les zones dangereuses du pont, avait alors sa coque partiellement détruite. (suite…)

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