Sous ce vocable se reconnaissent ou sont identifiées des centaines de confessions religieuses se réclamant du christianisme reformé par Martin Luther (1483-1546), Jean Calvin (1509-1564) et Henri VIII d’Angleterre (1491-1547). On estime à 380 millions, le nombre d’adhérents à la foi protestante dans le monde.
Le vocable vient de protestant qui en latin (protestans) signifie quelqu’un qui proteste, qui déclare formellement son refus, son opposition. Son emploi, dans ce sens, remonte à l’année 1529 en Speyer, Allemagne. Dans une « diète » (une assemblée politique), plusieurs chefs de file du mouvement luthérien manifestent leur opposition à une tentative de l’Eglise catholique d’empêcher l’expansion du luthéranisme et de limiter sa pratique. Ces chefs se sont faits appeler protestants. Par la suite, ce terme vint à inclure tous les chrétiens de l’hémisphère occidentale qui ont abandonné la foi catholique d’obédience romaine ou se retrouvent membres d’une des confessions qualifiées d’évangéliques ou d’une secte se réclamant du christianisme.
Le protestantisme, dans son ensemble, partagent certaines croyances avec les catholiques romains et orthodoxes (Voir: Le christianisme: message). Par exemple, les membres de certaines dénominations protestantes professent une foi dans un Dieu Trinité. La majorité admet également le rôle primordial du Christ dans le salut de l’humanité. Toutefois, les protestants ne partagent pas la théologie catholique sur la relation de Dieu avec les hommes et les voies conduisant au salut.
Le protestantisme fit son entrée officielle en Haiti, après l’indépendance. Les protestants, pendant les premières décennies du XIXè siècle, se firent remarquer surtout dans le Nord où régna l’anglophile Henri Christophe qui invita et hébergea des instituteurs protestants anglais pour ses écoles, à condition qu’ils ne s’adonnèrent à aucune oeuvre de propagande et de prosélytisme.
Dans l’Ouest, gouverné alors par le général Alexandre Pétion, arrivèrent, en 1816, quelques Wesleyens d’Angleterre qui durent abandonner temporairement la République de l’Ouest devant l’hostilité ouverte de Jean-Pierre Boyer, successeur de Pétion (Voir: Liste des chefs d’états Haïtiens). Ils revinrent donc en 1844, et s’établirent non seulement à Port-au-Prince, mais aussi aux Gonaïves, à Jérémie et au Cap, et construisirent, pour la dissémination de leur doctrine, des églises et des écoles. Parmi eux se distingua le pasteur Mark Baker Bird (1807-1880) qui séjourna prés de trente ans en Haiti et sut gagner le respect des Haïtiens qui l’ont connu. Il publia en 1876 une oeuvre remarquable sur l’histoire et les mœurs sur le pays; oeuvre dédiée au peuple haïtien et intitulée L’homme noir; ou, Notes historiques sur l’indépendance haïtienne (Traduite de l’anglais et publiée par Murray et Gibb, de Edinburgh).
De là arrivèrent toute une pléiade de branches protestantes dont les baptistes qui, quoique présents à Port-au-Prince dès la troisième décennie du XIXè siècle à travers une petite communauté d’anglophones dirigée par l’Américain William C. Monroe, ne purent s’adonner à aucune oeuvre d’évangélisation, et ce jusqu’en 1845, quand ils s’établirent à Jacmel, les méthodistes qui arrivèrent des Etats-Unis, les Adventistes du Septième jour, les Épiscopaliens, renforcés par l’arrivée des noirs Américains sous Geffrard et qui construisirent la cathédrale de Sainte Trinité à Port-au-Prince, érigèrent non seulement des écoles mais aussi un séminaire pour l’éducation de jeunes pasteurs haïtiens. L’un de ces nouveaux Haïtiens, le Révérend James Théodore Holly, devint en 1874 le premier évêque de l’Eglise Orthodoxe Apostolique Haïtienne.
Toutefois l’influence des protestants en Haiti demeura insignifiante, et ce, jusqu’à l’arrivée massive des sectes fondamentalistes d’origine nord américaine dans les années 1950. Alors que la hiérarchie catholique se trouvait débandée dans les années 60 avec l’expulsion de la plupart des évêques, ces sectes n’étaient point dérangées puisque apolitique. En adoptant le créole comme langue d’évangélisation, en s’établissant dans les quartiers populaires et les milieux ruraux, elles virent leur nombre grossir considérablement et, de ce fait, érodèrent donc l’influence jusque-là indiscutable de l’Eglise catholique dans ces milieux.
Dans la mentalité haïtienne, le protestantisme représente un refuge contre les forces du mal assimilées à la frange magique du vodou. Beaucoup acceptent la foi protestante rien que pour s’y mettre à l’abri. D’autres sont attirés par la fraternité, le sens de communauté et de partage bien souvent absents dans les églises catholiques, et une projection de vie morale stricte et d’honnêteté.
Les Eglises protestantes d’Haïti ne sont pas directement membres du Conseil Œcuménique des Eglises (COE), cette communauté internationale d’églises chrétiennes, basée à Genève (Suisse), et travaillant à la promotion du mouvement œcuménique. Les épiscopaliens et les méthodistes y sont affiliés par l’intermédiaire de leurs organisations ecclésiastiques internationales respectives. On explique ce manque d’intérêt dans cette organisation œcuménique par le fait que la grande partie des églises protestantes d’Haïti restent encore accrochées à une orientation évangélique encore traditionnelle qui fait de l’autre, sinon un ennemi, du moins quelqu’un à convertir.
Les protestants haïtiens d’aujourd’hui se reconnaissent à travers des œuvres de grande importance et d’utilité publique, comme, par exemple, le Centre Saint Vincent de Port-au-Prince, la station de radio 4VEH du département du Nord, les radios et la télévision Lumière, les universités Chrétienne du Nord d’Haiti et Lumière dans le Sud, créées toutes deux par des missions baptistes, le Collège Bird de Port-au-Prince.
Les baptistes, toutes tendances confondues, constituent le groupe le plus nombreux avec des membres avoisinant les 200.000 éparpillés dans quelques 1000 temples ou maisons d’adoration à travers Haïti.
Les protestants Haïtiens sont représentés par la Fédération Protestante d’Haïti:
6, Rue K. G. Jacob
Route des Frères
Pétion-Ville, Haïti
🕿 (509) 29 43-0366