0700.- Articles et Documents

📂 L’armée, une comateuse qui fait peur

Des compatriotes se réclamant des Forces Armées d’Haïti s’approchent, le 17 avril dernier, du Parlement, et c’est la panique chez nos législateurs qui s’empressent de mettre fin à une séance à laquelle ils assistaient sans état d’âme. Cette armée dite « remobilisée », financée, il faut l’admettre, par des anonymes aux intentions voilées, suscite une grande peur chez nos politiciens et les élites dirigeantes. Et cette peur les empêche de considérer la résurgence de cette institution avec une certaine objectivité.

L’Histoire de cette armée pendant le dernier quart de siècle motiverait-il cet état d’âme ?

Le 7 février 1986, Jean-Claude Duvalier s’apprête à abandonner le pouvoir et à prendre le chemin de l’exil. Il pose un dernier acte en tant que chef de l’exécutif en créant une junte civilo-militaire dénommée “Conseil National de Gouvernement” (CNG) pour le remplacer. Des quatre militaires membres de cette junte, deux furent décriés pour avoir été trop proches de son régime; les deux autres finirent par éclipser les membres civils et réduire le nombre pour mieux asseoir leur autorité.

Pourtant au sein de cette armée longtemps humiliée, où l’on avait réussi à créer une culture de méfiance, il existait de vrais patriotes.
(suite…)

...lire le texte »»

📂 Un scandale de plus

Trujillo et Lescot trinquant (Courtoisie: Corbis)Dans les années ‘30 et dans les premières années des années ‘40, Trujillo régnant en maître dans la république voisine tentait, usant de plusieurs stratagèmes, d’influencer la politique et ainsi le cours de l’histoire en Haïti. Il se fit passer publiquement pour des amis personnels des présidents Sténio Vincent et Elie Lescot, après avoir encouragé le massacre des milliers d’Haïtiens sur son territoire au mois d’octobre 1937. Ces présidents, toutefois maintinrent, à l’époque, un grand secret sur les fonds reçus du caudillo pour faire avancer leur cause en Haïti et la politique du dictateur dominicain envers Haïti. (suite…)

...lire le texte »»

📂 L’agonie de l’opposition

Texte reçu le 29 mars 2012

Dr Jean L. Théagène

« L’opposition est sans force alors qu’elle est sans discernement et des hommes dont la vocation serait de résister à l’établissement des lois utiles ne seraient bientôt écoutés qu’avec indifférence, lors même qu’ils en combattraient de dangereuses. »

Benjamin Constant

opposition-clipartSi naguère, le pluralisme institutionnel, réunissant sous forme de partis politiques différents mouvements locaux d’opposition, suscitait du côté de bon nombre d’haïtiens quelque engouement intéressé ou légitime enthousiasme, de nos jours, hélas, leur foisonnement anarchique sans cesse accru et démesurément grandissant inquiète, quand il ne met pas en doute la santé mentale de leurs fondateurs. Evitant le trébuchet de jugements, mal étayés, reposant sur des hypothèses spéculatives ou mus par des options subjectives, sentimentales voire métaphysiques, l’analyse scientifique nous commande de déterminer si ces partis correspondent à nos mœurs et coutumes et répondent aux aspirations de notre société.

Sous une vague phraséologie démocratique, utilisant à fond les ressources offertes par les procédés de la représentation (avis, notes de presse, déclarations, interviews, pamphlets, tracts, chairs d’Église, meetings) ces individus, convertis en candidats au moindre signe d’élections, ne manquent pas d’afficher leur volonté opiniâtre d’accéder au timon des affaires. L’absence d’idéologie ou de conviction politique fait place alors à des slogans à connotation démocratique qui, d’inspiration religieuse, qui, sociale même socialisante, ne reflétant en rien, le socialisme, colonne vertébrale de la gauche, exception faite du défunt parti communiste haïtien avec le départ prématuré de son Secrétaire Général René Théodore et le lever de table de Max Bourjolly. (suite…)

...lire le texte »»

📂 Les voies insondables de l’avenir Haïtien

Texte reçu le 24 mars 2012

Dr Jean L. Théagène

A partir du moment où, dans un pays, s’établit un divorce entre l’orientation du régime et les aspirations de la jeunesse, alors, oui, la catastrophe est proche- alors, le totalitarisme menace à plus ou moins long terme.

Pierre Mendès France.

Roger Martin du Gard écrivait sans complaisance, il y a de cela un siècle : une conviction qui commence par admettre la légitimité d’une conviction adverse se condamne à n’être pas agissante. C’était, il y a cent ans et le monde n’était pas fait que de canards sauvages émigrant d’un bout à l’autre de la planète au fil des saisons. Aujourd’hui, que nous sommes réduits à contempler en silence la désagrégation de la Patrie, un soupçon d’insurrection semble vouloir nous consoler de notre cafard.

Pour ou contreLa semaine écoulée, certains bonzes éternels de la politique haïtienne, sur les ondes d’une station de radio de la capitale, sont montés au créneau et ont sorti leur verve des grands jours d’exaltation pour fustiger le comportement des hommes au pouvoir. Il est vrai que de 86 à nos jours, ils ont été de tous les combats, toujours en position d’arrière-garde et surtout prêts à brandir en absence de tout danger, l’oriflamme des victoires faciles. Mais, de leurs propos et de leurs critiques, qu’en ont fait l’Exécutif et le Législatif ? Encore, c’est le mutisme d’une agonie prolongée comme seule sait en infliger l’ethnie nègre. Et c’est dommage pour un pays de griots coutumiers des longs palabres, à l’ombre des mapous feuillus. (suite…)

...lire le texte »»

📂 Dans les affres de l’angoisse, le monde entier s’interroge

Texte reçu le 26 février 2012

« Orphée ne pouvait cependant pas prétendre que jusqu’à la fin des âges les fauves se laisseraient prendre à sa musique. Toutefois, on pouvait peut-être espérer qu’Orphée lui-même ne deviendrait pas un fauve ».

Julien Benda

Dr. Jean L. Théagène
Toussaint LouvertureQuand, méditant sur un rocher de l’île de Sainte Hélène où le retenait captif la soldatesque anglaise, Napoléon Bonaparte, foudre de guerre des armées françaises, vainqueur de cinq coalitions européennes revoyait le film de sa vie, il devait assurément se rappeler ce général nègre que, quelques années auparavant, il laissa mourir dans son cachot du Fort de Joux. On le devine aisément, souriant tristement au souvenir de ses tractations avec l’esclave devenu Gouverneur Général à Vie de la plus riche colonie française. On se l’imagine encore s’insurgeant contre ce destin d’insulaire que lui imposaient les circonstances.

Dérisoire souverain de l’île d’Elbe après avoir connu toute l’ardente ferveur du sort des armes et la somptuosité démesurée d’un pouvoir presque continental, l’illustre prisonnier devait se souvenir de sa correspondance soutenue avec ce Chef rebelle qui s’était toujours permis de  traiter d’égal à égal dans ses missives historiques : «  Du premier des Noirs au Premier des Blancs » ; tel fut l’exergue qui revenait, en leitmotiv lancinant, hanter ses réflexions sur la vanité existentielle. Tel fut l’aphorisme qui, au terme de sa vie tumultueuse et surtout bien remplie, devait lui indiquer, à lui, devant qui tous les souverains d’Europe se courbaient, toute la charge de dignité, toute la puissance de fierté, renfermées dans l’insignifiant corps d’ébène de Toussaint Louverture. (suite…)

...lire le texte »»