Textes et Documents » Catégorie : Société

📂 Reprenons nos sens!

Combat de vertières, peinture de Patrick NozeOrganiser une manifestation politique un 18 novembre est non seulement une mauvaise décision, mais frôle l’antipatriotisme, considérant la valeur hautement symbolique et historique de cette date. Ce jour-là, il y a exactement 210 ans, nos ancêtres, noirs et mulâtres avaient fini par s’imposer militairement sur les troupes napoléoniennes débarquées 22 mois plus tôt à Saint Domingue pour d’abord nous diviser et ainsi mieux suivre le plan qui consistait à nous subjuguer et réimposer l’esclavage dans toute sa rigueur.

Au lieu de se manifester dans les rues, nonobstant la validité des raisons qui nous auraient poussé à le faire, nous pourrions plutôt dédier ce jour à des réflexions au niveau national et par-delà nos tendances politiques, intérêts personnels ou claniques.

Ces réflexions porteraient, par exemple, sur notre parcours historique de cette date à nos jours, sur les opportunités ratées, les irrémédiables erreurs politiques qui ont jalonné notre histoire et qui nous ont valu des humiliations, deux occupations et la présence aujourd’hui sur notre sol d’une force multinationale contaminante avec l’introduction par un contingent de cette force du choléra. Cette journée nous aiderait également à relever, pour l’éducation de notre jeunesse aux abois, les conséquences néfastes des actes apatrides de quelques-uns de nos concitoyens ce, dès le lendemain de la proclamation de notre Indépendance, et qui nous ont rendu tant vulnérables face à la coalition des nations qui, prenant acte de la journée du 1er janvier 1804, ont d’abord juré notre perte en nous imposant un embargo et ont ensuite travaillé, usant des instruments de la diplomatie, pour nous saper et continuer ainsi à démontrer leurs hypothèses suintant un racisme fétide. (suite…)

...lire le texte »»

📂 Distribuons le blâme équitablement

Mtre André Michel, lors d'une conférence de presse, le 25 octobre 2013Cette semaine et comme chaque semaine, nous avons suivi avec intérêt les événements qui se sont déroulés en Haïti et  les réactions des divers secteurs du pays. Nous avons surtout essayé de comprendre certaines actions entreprises par des élus et des hauts cadres de l’administration parce qu’elles nous ont laissé perplexe n’ayant à notre avis aucune motivation logique.

Les représentants des trois pouvoirs qui devraient se laisser guider par le principe du bien commun et travailler sérieusement au bien-être de la collectivité se sont lancé dans des actions controversées qui affichent de leur part un mépris flagrant de la Constitution en vigueur et des lois qui protègent le citoyen contre l’arbitraire. (suite…)

...lire le texte »»

📂 17 octobre 1806: Un jour maudit

207 ans depuis l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines. Celui qui voulait à tout prix que les biens hérités des colons soient partagés équitablement entre tous ceux qui ont souffert de l’esclavage, de la tyrannie, de l’oppression et du racisme, tomba sous les balles assassines de soldats à la solde d’Alexandre Pétion et de Gérin.

Son assassinat suivi d’actes odieux sur son cadavre révéla la perfidie de ceux qui, à contrecœur s’étaient ralliés à la cause des anciens esclaves, mais voulaient au fonds être reconnus comme citoyens à part entière de la République française née en 1789. Ils n’avaient d’ailleurs jamais accepté l’autorité de ce chef noir, illettré et, de surcroît, un ennemi implacable durant la guerre civile de 1799-1800. Ce dernier devait être éliminé. Les fomentateurs du Sud leur offrirent donc l’occasion rêvé pour lui attirer dans le guet-apens du Pont Rouge.

Depuis cet assassinat, une atmosphère de suspicion règne dans le pays. Les bâtards des anciens colons voulant être les seul bénéficiaires de l’indépendance essayèrent par tous les moyens de maintenir les enfants des importés d’Afrique dans une condition semblable à celle qui avaient poussé ces derniers à se révolter en se suicidant, en abandonnant les plantations pour s’adonner au marronnage et finalement en prenant les armes sous la conduite de leaders fougueux pour réclamer leurs droits à une existence décente. (suite…)

...lire le texte »»

📂 Haïti: La marche à reculons

Texte reçu le 15 août 2013

Par Jean L. Théagène

« Chaque Nation ne peut se civiliser qu’en créant des partis politiques. Ceux-ci créent la vitalité nationale par l’émulation. Tout gouvernement doit être reconnu par tous, à l’intérieur comme à l’extérieur. On n’a pas à tenir compte du parti politique qui gouverne puisque, dès l’instant que le parti devient gouvernement, du même coup, il devient la Nation ».

Funck-Bretano, L’Ecole des sciences politiques.

Parce qu’à travers nos écrits transpire toujours notre foi sans partage dans la démocratie véritable, pour avoir tenu à distance les sornettes démagogiques, les déclarations obligées et contingentes dans cette dichotomie sociale, politique, économique qu’incarne la double nation, première République nègre du Nouveau-Monde, nos propos ne cesseront pas d’être exempts de leur fermeté coutumière. Double nation : d’un côté, les nantis des quartiers huppés et villas somptueuses, ces chevaliers dont on ne peut atteindre les demeures qu’à l’aide de ponts levis ; de l’autre, la multitude souffrante des sans-logis, des grabataires croupissant et grouillant dans les bidonvilles, ces serfs au visage émacié par l’inflation galopante, les taxes et la vie chère. (suite…)
...lire le texte »»

📂 Sans complexe devant l’histoire

Texte reçu le 2 août 2013

Par Jean L. Théagène
Toussaint et NapoléonQuand méditant sur un rocher de l’île de Ste Hélène où le retenait captif la soldatesque anglaise, Napoléon Bonaparte, foudre de guerre des armées françaises, vainqueur de cinq coalitions Européennes revoyait le film de sa vie, il devait assurément se rappeler ce Général Nègre que, quelques années auparavant, il laissa mourir dans son cachot du Fort de Joux.

On le devine aisément, souriant au triste souvenir de ses tractations avec l’esclave devenu Gouverneur Général à Vie de la plus riche Colonie Française. On se l’imagine encore s’insurgeant contre ce destin d’insulaire que lui imposaient les circonstances. Dérisoire souverain de l’Île d’Elbe après avoir connu toute l’ardente ferveur du sort des armes et la somptuosité démesurée d’un pouvoir presque continental, l’illustre prisonnier devait se rappeler sa correspondance soutenue avec ce Chef rebelle qui s’était toujours permis de le traiter d’égal à égal dans ses missives historiques : « Du Premier des Noirs au Premier des Blancs » ; tel fut l’exergue qui revenait, en leitmotiv lancinant, hanter ses réflexions sur la vanité existentielle. Telle fut la catharsis qui, au terme de sa vie tumultueuse et surtout bien remplie, devait lui indiquer, à lui, devant qui tous les souverains d’Europe se courbaient, toute la charge de dignité, toute la puissance de fierté, renfermées dans l’insignifiant corps d’ébène de Toussaint Louverture. (suite…)

...lire le texte »»