Textes et Documents » Catégorie : Histoire: 1986-

📂 Les lendemains du 20 mars

Nathanaël, mon frère, que vois-tu à l’horizon?
Je vois une génération qui monte.
Je vois une génération qui descend.
Je vois une énorme génération qui monte.
Toute armée de foi dans l’avenir.

André Gide.

Par Jean L Théagène
La démocratie en Haïti n’est sans doute pas pour demain rien qu’à voir l’usage qu’on en fait, comment on le vide de son contenu et combien elle gagne en équivoque. C’est déjà parti et raté en même temps. Perdus les efforts méritoires initiés par Grégoire Eugène, Hubert Deronceray, Constant D. Pognon, Sylvio Claude et continués par tant d’autres en vue de l’implantation du pluralisme politique dans le paysage haïtien! La société haïtienne, il est vrai, faute de préparation a toujours considéré les programmes des partis politiques comme colifichets. Elle n’en a que faire. Elle préfère s’accrocher à la personnalité des hommes qui montent sur le podium. Et comme le « leader » tombe toujours du ciel, elle finit pour son malheur par le diviniser.Le culte de la personnalité « ce mal qui répand la terreur », mal, disons-nous « que le ciel en sa fureur envoya pour punir », notre société nous a toujours fait prendre des vessies pour des lanternes. Nous nous acharnons à longueur de journée à transformer des êtres de chair en idoles et de là, à ce que ces derniers se muent en chargés de mission divine, voire en êtres immatériels doués de capacité surhumaine ou en prophète des temps modernes, il n’y a qu’un pas. Alors le nombre d’illuminés, d’excités, d’exaltés, d’oligarques, d’aventuriers, de messies en herbes, de faux prophètes, augmente de façon alarmante. Et dans ce jeu prométhéen d’un nouveau genre, les meneurs d’opinion qui s’y prêtent volontiers, affichent une légèreté déconcertante. Détenteurs d’une certaine autorité morale, ils ne sentent même pas que l’avenir de la nation est lié à l’à-propos de leurs interventions publiques. (suite…)
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📂 De la fleur au fusil à l’épine du verbe

Texte reçu le 29 janvier 2011

« Les hommes font l’histoire et ne savent même pas l’histoire qu’ils font. »

Karl Marx
Par Jean L. Théagène

Trop d’acteurs, trop d’intervenants sur la scène politique haïtienne sans l’ombre d’un homme d’État encore moins d’hommes à vocation d’homme d’État: Baker, Céant, Beauzile, Martelly, Manigat,etc… du côté des partis politiques; Longchamp, Denis, Opont, Dorsainvil, Chérubin de l’autre. Et comme arbitre: La Minustah et les forces d’occupation qui surveillent le tout, sans aucune nuance d’implication sérieuse. Des observateurs qui observent, on ne sait quoi. Le même chaos se poursuit. Le même fanatisme règle la vie politique. La même anarchie régit l’existence de la nation. La communauté internationale semble s’en moquer, compte tenu de son laisser-aller vis-à-vis de la situation ambiguë qui a prévalu dans les sphères de décision relative aux élections. Ainsi va le monde. Ainsi se déroule une histoire sans fin dans un pays sans norme confirmant par ainsi nos craintes d’une dérive sordide chez les dirigeants indigènes et étrangers du pays pour les cinq prochaines années.

Un centre de vote dans l'après-midi du 28 novembre 2010
Un centre de vote dans l’après-midi du 28 novembre 2010

La petite histoire des élections haïtiennes a attiré les regards de ceux qui prétendent que la « récréation est terminée » après vingt-cinq années de carnaval. Le premier tour du scrutin s’est déroulé dans la confusion des leaders, des votants et autres acteurs et dans des déclarations malencontreuses de crétins sonores, éternels reptiliens et autres batraciens des marécages puants. (suite…)

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📂 Les dindons d’une farce macabre

Texte reçu le 29 janvier 2011

« Lorsque la victoire prostituée, éhontée s’agenouille aux pieds du dieu, celui-ci, est toujours trop épuisé, trop endurci, trop aigri, perclus de rhumatismes et de rancœur, pour jouir de ses faveurs. »

Jean Baptiste Cinéas

Par Jean L. Théagène

Jean L. theageneLa politique a ceci de particulier qu’elle se révèle souvent une mante religieuse prête à dévorer ceux ou celles qu’elle a gâtés pendant un certain temps. Mais cela n’a jamais empêché les politiciens de s’y adonner à cœur joie sans souci des lendemains qui déchantent ou font déchanter. Elle annonce toujours la couleur sans imposer la peinture finale à l’admiration des spectateurs avides de sensations fortes. L’essentiel pour ceux qui œuvrent dans ce domaine d’activités est de faire preuve de sagacité dans leurs décisions et leurs choix. L’essentiel aussi consiste dans la capacité de se limiter dans l’exercice d’un pouvoir dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas toujours bien défini quand il ne débouche pas tout simplement sur un « no man’s land ».

Dans un de nos derniers textes : « Haïti, une histoire d’échec de la Communauté Internationale », nous avons souligné à l’attention de nos lecteurs que l’interventionnisme gratuit ou non justifié est devenu un mode de vie pour les Etats plus ou moins puissants ; que le devoir d’ingérence s’est transformé en une culture qui ne pousse que dans les terreaux de l’arrogance construisant par ainsi la base d’un système qui tente de justifier les rapports de domination à l’échelle du système-monde. L’application de cette théorie se manifeste brutalement autant au Moyen-Orient qu’en Asie, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes où un petit pays jadis indépendant et souverain de la taille d’Haïti se voit forcé, par les contraintes de l’histoire, à une espèce d’extinction programmée. Sous couvert d’assistance humanitaire ou sous le fallacieux prétexte de la Défense des droits de l’homme, l’Internationale a pris possession d’Haïti avec ses forces militaires et ses techniciens d’ONG en profitant des faiblesses du pays et de l’incompétence de ses dirigeants. La suite, c’est l’histoire de cette dérive qui a transformé Haïti, notre pays, en Etat inclassable, champion toutes catégories de l’autodestruction et de l’égotisme le plus mal placé. (suite…)

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📂 Discours de Jean-Claude Duvalier le 21 janvier 2011

Chers amis de la presse,

J C Duvalier / © Lee Celano / Getty ImagesJe vous remercie d’avoir répondu à mon invitation de ce jour et saisis cette opportunité qui m’est offerte de m’adresser a mes concitoyens.Très brièvement, je vous dirai combien j’ai été favorablement impressionné par l’accueil qui m’a été réservé depuis l’Aéroport International François Duvalier pour cette visite, surtout par cette foule de jeunes qui ne m’ont pas connu.

Cela donne chaud au cœur. M di yo mèsi anpil, m’te kontan viv moman sa-a.

Cela dit, je sais à quel point nombre de vous sont curieux de savoir l’objet de mon retour à Port-au-Prince après un quart de siècle d’absence. Cette question est sur toutes les lèvres.

En effet, j’ai voulu rendre un hommage aux nombreuses victimes du séisme dévastateur du 12 janvier 2010 qui a fait, selon des estimations officielles, 316.000 morts. Malheureusement, je ne suis pas arrivé à temps pour cette commémoration. (suite…)

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📂 L’infâme palme revient à…

… L’année 2010.

Symbole de l'infâme palme: une flammeAlors qu’on pensait que l’année 2003 fut celle de tous les malheurs(1) et que notre pays avait alors atteint le fond de l’abime, l’année qui est en train de s’achever nous fait découvrir  des couches souterraines jusque là insoupçonnées. 2010 a donc remporté à ce point l’infâme palme dans la catégorie de : «annus horribilis».

Il nous faut pourtant éviter toute exultation à l’approche des dernières heures de cette année de malheurs et de deuil et nous demander plutôt ce que la nouvelle année contient dans son Makout(2). L’héritage étant déjà très lourd, un certain réalisme le commande.

Par example:

Le sort des compatriotes qui vivent dans des camps et font face à des difficultés inimaginables pour ceux qui ne partagent pas leur sort ne s’améliorera pas comme par enchantement dans les premiers jours, que disons-nous, les premiers mois de ce nouvel an. (suite…)

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