18 mai 2012: Fête du drapeau
📅 Texte publié le mercredi 16 mai 2012
Texte reçu le 3 mai 2012
Pratt Vernio Memnon
L’avenir préoccupant de notre pays est dans tous les esprits. Ce 18 mai 2012, unissons nos volontés citoyennes pour que notre « l’union fait la force » ne soit pas seulement une identité historique, mais aussi et surtout une manière de vivre dont nous sommes fiers.
Aveuglés par nos intérêts personnels, embourbés dans d’interminables crises politiques, enfermés dans un snobisme intellectuel et une exclusion sociale, manipulés par des intérêts externes, déstabilisés par les perturbations climatiques et les catastrophes naturelles, nous nous sommes éloignés du rêve de grandeur et d’autonomie des pères de la patrie. L’urgence de la situation nous commande aujourd’hui d’aborder intelligemment, de manière significative et décisive la question fondamentale : comment mobiliser toutes les forces vives de la nation pour se réapproprier notre souveraineté nationale ? La fierté d’un pays libre et indépendant pourra-t-elle donc être parfaite alors que la gestion politique effective de son territoire et le leadership réel de son développement économique échappent à son contrôle ? Le rêve d’un pays plus juste et d’une société plus égalitaire ne pourra se réaliser tant qu’on n’aura pas un développement socio-économique intelligent, une répartition équitable des richesses, une gouvernance transparente, honnête et moderne.
Les célébrations de la fête du drapeau au fil des années sont là non seulement pour nous rappeler la concrétisation de ce rêve de grandeur de nos héros, mais surtout nous faire prendre conscience que nous avons l’obligation patriotique d’agir pour qu’Haïti retrouve sa vocation d’être le « plus haut lieu de pèlerinage de liberté universelle dans les Amériques » et le « parfait modèle de réussite socio-économique du peuple noir ».
Personnellement, je crois que cela est encore possible même s’il est vrai que la société haïtienne offre aujourd’hui l’image d’une société désespérée et vouée à la disparition. Sans doute, l’habitude des années de dictature, des coups d’État sanglants, des expériences démocratiques ratées l’a-t-elle trop asservie et ankylosée. Mais l’espérance d’un effort collectif, d’un engagement citoyen beaucoup plus large, plus profond, plus tranché de la direction que prend le pays depuis les vingt-cinq dernières années, fera une différence dans la déconstruction de ce pays que nos ancêtres nous ont généreusement légué.
L’avenir de notre pays est menacé par les choix que nous faisons. Nous devons interpeller notre conscience civique, rectifier à temps notre inconstance et créer les conditions gagnantes pour un développement économique durable. C’est notre responsabilité de prendre soin de notre pays, de nous impliquer davantage dans l’urbanisation de nos villes et communes, dans l’autonomisation des femmes haïtiennes, dans la transformation sociale de nos régions, dans la définition de notre mode de vie. Il faut cette grande mobilisation citoyenne ordonnée pour que notre « bon dié bon » se transforme en espoir, l’espoir d’une vie meilleure pour les générations actuelles et futures, en fierté, la fierté d’avoir civiquement contribué à la nouvelle architecture socioéconomique haïtienne, en projet positif, l’épanouissement plein et entier de notre démocratie naissante.
Que la célébration de la « fête du drapeau 2012» insuffle à nos élites politiques, financières et intellectuelles l’audace d’aménager un grand espace de concertation et de collaboration qui fera entrer le pays dans une ère nouvelle, celle d’une nation réconciliée avec elle-même, enracinée dans ce « l’union fait la force », fière de son passé et déterminée à relever les défis de son avenir. Qu’elle soit également l’occasion pour chacun de mes compatriotes de promouvoir une autre vision de notre pays, d’enclencher une véritable démocratisation de la gestion publique, de pourvoir à la création d’emplois, de mettre en place une politique agro-industrielle efficace qui pave la voie à un nouveau système économique autre que ce capitalisme sauvage et exclusif. C’est la condition sine qua non pour laisser à nos enfants un pays en bonne santé économique, sociale, politique et environnementale.
Bonne Fête du Drapeau !
Pratt Vernio Memnon
Montréal, Québec (Canada)