6480.003.- Fameux disparus: 2005 – 2009

Après le débarquement en 1994 de la « force multinationale » chargé d’assurer le retour de Jean-Bertrand Aristide, quoique déterminé à rester dans son pays, il prit à contrecœur le chemin de l’exil pour la deuxième fois.

Candidat à la présidence aux élections de novembre 1987, sa candidature fut écartée par le Conseil électoral provisoire, en vertu de l’article 291 de la Constitution de Mars 1987.

Revenu au pays en 1986, il continua ses activités en fondant le Centre Karl Levêque.

Il fut celui qui nous laissa version créole de la Constitution de 1987. Supporteur de la candidature de Jean-Bertrand Aristide en 1990, il devint son ministre des Haïtiens vivant à l’étranger et secrétaire d’Etat à l’alphabétisation. Il se distança toutefois de ce dernier après son retour d’exil en 1994.

Issa est devenu lui-même une légende dans son champ : Musicien, il fonda dans les années 1940, un orchestre devenu très populaire pour son amalgame de rythme typiquement haïtien, de jazz américain et de rythme afro-cubain. Il étudia la musique à New York sous la direction de musiciens de jazz américains dont Eddie Barefield (1909-1991) et Walter Thomas (1907-1981), jouant le saxophone ténor et la clarinette. Chef d’orchestre, il fut également un agent faisant venir en Haïti de grands musiciens étrangers pour se produire avec son groupe. Son orchestre devint également une pépinière de musiciens et de chanteurs. Certains comme le saxophoniste Raoul Guillaume, les chanteurs Guy Durosier (1932-1999) et Joe Trouillot, et le batteur Ti Marcel deviendront par la suite très populaire faisant un nom pour eux-mêmes.

A côté de la musique, Issa El Saieh fut un passionné de la peinture. Sa galerie d’art, ouverte dans les 1950, devint l’une des plus célèbres du pays et tous les guides touristiques en firent mention.

Issa dirigea pendant un temps le Grand Hôtel Oloffson. Il fit, dans cet établissement, la connaissance de Graham Greene qui le décrivit dans Les Comédiens (publié en anglais en 1966 par Vikings Press), comme Hamit, le « Syrien ». On ignore si cette mention fut la cause de son emprisonnement par le régime de Papa Doc. Mais il connut les affres de la prison au Fort-Dimanche pendant un mois.

A la fin de sa vie, il fut pratiquement ignoré par les élites et la jeunesse du pays. N’empêche que son influence continue à se faire sentir dans notre musique.

Rentré en Haiti, après la chute de Jean-Claude Duvalier, il s’incardina dans l’archidiocèse de Port-au-Prince et devint curé de la nouvelle paroisse Sainte Claire de Petite Place Cazeau.

Après le coup d’état du 29 février 2004, il resta en Haïti, quoique surveillé de près par le gouvernement de facto et ses alliés. Alors qu’il participa, en tant que prêtre, aux funérailles de Jacques Roche, un porte-parole de la Convergence Démocratique, exécuté en juillet 2005, il fut arrêté, accusé de participer au meurtre. Cette arrestation fut dénoncée par de nombreuses organisations des droits humains. Libéré provisoirement en janvier 2006, il se rendit immédiatement en Floride pour se faire soigner (il souffrait de leucémie). La Cour d’appel de Port-au-Prince l’avait finalement exonéré.

Ses œuvres détaillent l’ambiance de famille et faune haïtienne. Les figures plates et le manque de perspective donnent à ses peintures un charme enfantin. Le sens de la couleur et du design de Saint Fleurant l’établit comme un peintre naïf avec peu de pairs.

Après le coup d’état du 30 septembre, il se retrouva au Barreau de St-Marc où il milita comme avocat et conseiller juridique.