Christophe Colomb, parti le vendredi 3 Août 1492 d’Espagne avec trois caravelles (la Pinta, la Nina et la Santa Maria) et 120 hommes, débarqua sur la côte Nord-ouest de l’île d’Haiti le 6 Décembre de la même année, après avoir foulé l’une des îles de l’archipel des Bahamas appelées par les Indiens Guanahani, qu’il rebaptisa San Salvador et découvert Cuba. Suivant ainsi ses habitudes de renommer tout sur son passage, il appela la magnifique baie du Nord-Ouest, Môle Saint Nicolas en souvenir du saint du jour.
Au nom des rois catholiques, Ferdinand et Isabelle, qui l’avaient soutenu et encouragé dans ses entreprises, il prit donc possession de l’île, et comme il pensait faire voile pour les Indes, ce pays de mystères et des épices, et se croyant arrivé à destination par un autre chemin, il donna à toute la région le nom d’Indes faisant des habitants, des indiens. Ces derniers eux-mêmes identifiaient l’île par les noms d’Ayiti, Bohio ou Quisqueya et administrativement la divisaient en cinq caciquats gouvernés chacun par un chef appelé cacique.
- Le Marien qui couvrait les départements du nord et la partie septentrionale de l’Artibonite et du Centre. Son cacique, Guacanagaric, fut le premier à entrer en contact avec les Espagnols;
- La Magua occupant la partie Septentrionale de la République Dominique et était dirigé par Guarionex;
- Le Xaragua couvrait le reste d’Haiti, Sa capitale appelée également Xaragua se trouvait à l’emplacement de la ville de Léogane. Ce caciquat état dirigée par Bohechío, frère d’Anacaona,
- La Maguana qui occupait la région du Cibao en République Dominicaine était dirigé par Caonabo, époux d’Anacaona, et eut une fin atroce en mer. Sa femme fut capturée en 1493 et pendue.
- Le Higuey occupait la partie orientale de la République Dominicaine. Cotubanama fut, au moment de l’arrivée de Colomb, son cacique.
Accueillis amicalement par les habitants de l’île, les Espagnols ne tardèrent pas cependant à se faire une idée de toute la richesse de ce nouveau territoire et en furent ravis. Ainsi, au lieu de continuer leur exploration, comme ils l’avaient fait après avoir vu Cuba et les Bahamas, ils s’établirent dans l’île désormais rebaptisée Hispaniola (petite Espagne) faisant d’elle la première colonie du Nouveau Monde. Avant de repartir pour l’Espagne pour annoncer officiellement sa découverte et recueillir des lauriers, Christophe Colomb construisit un fort avec les débris de la Santa Maria, qui entre-temps avait fait naufrage, et y laissa une garnison de 20 hommes pour la garder, avec apparemment l’ordre de respecter les Indiens et de les traiter humainement.
Une fois Colomb parti, les habitants du fort commencèrent à commettre, par convoitise, des excès. Ils s’emparèrent par force des richesses des Indiens qui, révoltés, attaquèrent et détruisirent le fort de la Nativité. après avoir massacré la garnison.
Christophe Colomb, revenu de son voyage avec d’autres contingents, tacha de mieux les organiser et poussa l’expansion dans les coins les plus reculés de l’île avec une préférence pour la partie de l’Est. Il accepta en 1498 le système du « repartimiento » institué pendant son absence et qui consistait à distribuer les indigènes aux conquérants. Victime des querelles intestines, Colomb se vit remplacer par d’autres chefs envoyés par les rois catholiques d’Espagne avec l’ordre d’affermir l’autorité de la Couronne sur cette nouvelle découverte et d’exploiter au maximum ses richesses. Pour arriver à cette fin, ces chefs ne lésinèrent point sur les moyens y compris la décapitation des caciquats par ruse ou par la guerre, la réduction à l’état d’esclaves des Indigènes, à travers la pratique de l’encomienda qui réduisit les indigènes à l’esclavage en les forçant à travailler dans les mines et sur leurs terres, ce, malgré les protestations de quelques défenseurs, comme le père dominicain Bartolomé de las Casas. N’étant pas habitués aux rudes travaux, et victimes des mauvais traitements de ceux sensés être leurs hôtes, ils s’éteignirent au fur et a mesure. A leur place, des noirs Africains, achetés ou capturés furent introduits dans l’île, une introduction qui créera une chaîne interminable d’injustices, d’exploitations, de misères et qui, à des moments, frôla le génocide.
Avec le débarquement dans le Nord-Ouest des pirates français devenus sédentaires, ils durent céder au fur et à mesure une partie du territoire réclamé. La période espagnole prit officiellement fin le 22 juillet 1795 après la signature du Traîté de Bâle (30 octobre 1697). Mais les Espagnols ne furent nullement inquiétés dans la partie orientale de l’île négligée par les Français. Un siècle plus tôt, ceux-ci s’étaient rendus maîtres de la partie occidentale de l’île avec la signature du Traité de Ryswick (30 octobre 1697).
📚 Sources bibliogrpahiques:
- Bartolomé de las Casas; Saint-Lu. Brevísima relación de la destruición de las Indias. Madrid : Cátedra, 2016.
- Bartolomé de las Casas; Symcox,Geoffrey (éd.). Las Casas on Columbus: the third voyage.Turnhout : Brepols, cop. 2001.
- Las Casas on Columbus: the third voyage. Turnhout : Brepols, cop. 2001.
- Lehmann, Gérard. Histoire d’Haïti : période indienne et colonisation espagnole. Odense : Odense universitet : Romansk Institut, 1982.
- Nau, Emile. Histoire des Caciques d’Haïti. Port-au-Prince : Presses nationales, 2003.
- Tavares, Juan Tomas. The Indians of Hispaniola. Santo Domingo : Editora de Santo Domingo D.L., 1978.
- Verlinden, Charles. Christophe Colomb. Paris : Presses universitaires de France, 1972.