3 février 2024: Observance de la Journée mondiale de la vie consacrée en Haiti: Mot du Président de la CHR

La journée de la vie consacrée est célébrée en la fête de la Présentation du Seigneur au Temple le 2 février de chaque année. Cette journée revêt donc une importance particulière pour toute personne consacrée, qui, inspirée par le don bouleversant du Christ, aspire à son tour à tout abandonner pour marcher à sa suite et à donner sa vie comme lui. Nous sommes aujourd’hui au 3 février 2024, la XXVIIème Journée Mondiale de la Vie Consacrée.

Je salue et remercie Son Excellence, Mgr Max Leroys Mésidor, archevêque métropolitain de l’archidiocèse de Port-au-Prince en la personne du P. Edwine St Louis, le vice-chancelier de l’archidiocèse, qui a accepté de présider l’Eucharistie avec les consacrés de l’Ouest. Merci son Excellence pour votre proximité à notre égard. Vous aviez programmé dans votre agenda d’être avec nous le 2 février de cette année, mais pour une participation plus nourrie des religieuses et religieux, le Bureau de la CHR a été contraint de choisir plutôt la date du 3 février. Monseigneur, merci pour votre sollicitude de pasteur.  A vous, Révérend Père Edwine Saint Louis, merci pour votre présence, votre disponibilité et pour votre homélie adaptée en la circonstance. Le Bureau et tous les consacrés ici présents vous remercient de tout cœur et vous applaudissent.

Un merci du profond du cœur à nos chers panelistes : R. P. Gasner JOINT, Rvde sr Christiane GERVET, Rvd fre Nelson Augustin. Merci pour votre disponibilité et pour le sacrifice consenti à partager avec nous votre expérience, à dynamiser notre journée en nous aidant à réfléchir chacun/e dans son domaine pour nous permettre de découvrir les nouveaux appels que nous lance la synodalité dans le contexte actuel de notre pays.

Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont aidé à préparer l’environnement physique. Merci à toutes les personnes qui près ou de loin ont contribué à la réussite de l’événement du jour, en particulier aux sœurs de la Charité de St Louis qui nous accueillent. Le Seigneur, qui voit et connaît tout, vous récompensera au centuple.

Révérendes sœurs et frères ici présents,

Je vous salue chaleureusement et je dis Bonne Fête à tous les consacrés tant à vous qu’à ceux et celles   qui se trouvent dans les autres départements ou diocèses du pays ! Le bureau de la CHR éprouve une joie profonde le fait de vous avoir ici ce matin pour rendre grâce à Dieu pour le don de notre vocation et pour la vie religieuse en général. Tout d’abord merci à chacun et à chacune de vous pour avoir choisi la vie consacrée comme chemin de sanctification et un moyen efficace pour mieux servir Dieu dans nos frères et sœurs dans la générosité et la gratuité. Un merci à nul autre pareil au Seigneur pour sa réponse à nos prières du 24 janvier dernier. En effet, en cette date, nous avons appris la réjouissante libération de nos religieuses kidnappées appartenant à la Congrégation des sœurs de Ste Anne. Merci également au Seigneur pour la libération du chauffeur et de la jeune qui ont subi la même épreuve. Que toutes celles  et tous ceux qui sont encore captifs des bandits trouvent sous peu leur libération !

Chers sœurs et frères, il y a lieu de faire d’aujourd’hui une journée d’action de grâce au Seigneur pour le grand don à l’Église de la vie consacrée, avec sa riche multiplicité de charismes. La vie consacrée, dit le Pape, est une chance pour l’Église. Le plus commun dans la grande diversité des formes de vies consacrées est la fidélité à l’Évangile et à la pratique de la vie évangélique. Le charisme n’a de valeur que s’il prend sa source dans l’Évangile[1].

J’aimerais dès le départ, en ma qualité d’actuel président de la CHR et au nom du Bureau, emprunter quelques messages du Pape François en ce moment douloureux de notre histoire comme peuple et comme religieux et religieuses.  Nous sommes proches de vous[2] et nous portons et participons à vos souffrances qui se traduisent en pleurs, en stress, en découragement et parfois en désolation.

Nous voulons exprimer notre proximité à toutes les Congrégations et instituts qui ont été victimes ou qui sont arrivés même à abandonner certaines de leurs communautés, ou qui sont sur place sans pouvoir continuer leurs activités coutumières, ainsi qu’à toutes les familles qui ont été l’objet de kidnapping, de vol, de viol, de maltraitance etc. « À chaque famille en deuil ou déplacée pour une raison quelconque, la CHR veut vous apporter l’amour de Dieu. Son regard tendre et compatissant se pose sur vous. »[3]

Le pape en République Démocratique du Congo a dit quelque chose de semblable : Il n’y aura pas de paix en Haïti tant que ses filles et ses fils ne sont pas conscientes et conscients qu’à l’instar de tant d’autres pays, nous sommes des personnes humaines, qui vivent sur une portion de terre de 27,750 Km², qui pourrait devenir « une île paradisiaque ». Malheureusement, nous l’avons transformée en un véritable enfer. Notre mission comme religieuses et religieux est de lutter à notre façon pour sa transformation. Il est donc urgent de choisir la synodalité qui permettra d’avoir une nouvelle Haïti là où il fait bon de vivre. Sa situation chaotique est la résultante d’une insatiable avidité d’argent et de pouvoir ». Cette réalité nous a fait reculer de plus de 50 ans.  Les enfants qui naissent et ceux qui grandissent ne font que contempler un spectacle de crimes atroces et de désordre social, et ils se questionnent sur leur avenir. Plus d’un choisissent de participer au programme Biden pour sauver leur peau « Quel scandale et quelle horreur ! Jusques à quand le cri des armes cèdera sa place au cri d’amour, de joie et de louange au Dieu un et trine ? Oui ce cri sera une action de grâce qui ne finira pas.

Dans son discours, le pape François a adressé un appel à toutes les personnes qui s’enrichissent de la guerre  en disant: « Vous vous enrichissez par l’exploitation illégale des biens de ce pays et le sacrifice cruel de victimes innocentes”. Entendez le cri de leur sang: faites taire les armes, mettez fin à la guerre. Cessez de vous enrichir des ressources entachées de sang[4] !

Sœurs et frères, nous avons entre autres, ces lourdes responsabilités comme personnes engagées dans l’Église :

• Prier pour extirper les racines de la violence et de la haine dans notre société, pour désarmer et dé-gangstériser les cœurs de la méchanceté et de l’égoïsme [5];
• Motiver et conscientiser ceux et celles que le Seigneur a placés sous notre responsabilité pour qu’il continuent à aimer cette terre qui est malmenée et mal gérée par ses filles et fils, cette terre qui est belle et bien nôtre. Profitez de cette opportunité pour former les cœurs à l’amour de Dieu, de l’église, de la patrie et du prochain.

Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de développer une culture de prière confiante et engageante afin d’éradiquer en nous et autour de nous tout ce qui est contraire au bien.

Comme église, nous devons découvrir chaque jour davantage le mal qui ronge notre société et travailler à son extermination, afin de contribuer à la construction de ce monde juste et fraternel dont nous rêvons toutes et tous.

L’Église, comme nous le rappelle souvent l’actuel Pape, est appelée à être une Église en sortie, en mission, sans oublier que nous sommes tous frères et sœurs. Et dans ce contexte, il nous rappelle que la vie consacrée doit aussi être une vie en sortie, en mission, mais toujours en fraternité : «Tous frères», car c’est seulement ainsi que nous pouvons nous présenter avec un visage prophétique dans cette société profondément marquée par l’individualisme[6], l’égoïsme et la méchanceté.

Chers sœurs et frères dans la vie consacrée, laissons-nous nous configurer au Christ par le témoignage de nos vies, pour le rendre présent et agissant dans l’histoire pour le salut des hommes[7]. Soyons solidaires les uns les autres comme consacrés et comme Église ! Disons NON à la disparition à grands pas de notre pays et Oui à son urgente reconstruction pour un monde plus beau, juste et fraternel.