Message de fin d’année de l’ancien président provisoire, Jocelerme Privert
📅 Texte publié le dimanche 26 décembre 2021
L’année 2021 achève incessamment sa course. Bon nombre de pays de la planète se retrouvent, une nouvelle fois, ballottés entre confinement obligatoire, réintroduction des restrictions ou mesures barrières pour limiter la propagation d’un nouveau variant du coronavirus.
Ce virus meurtrier dont l’apparition remonte à la fin de l’année 2019 a accéléré sa course en 2020. Aujourd’hui encore, en cette fin d’année 2021, il continue avec ses récurrentes mutations d’imposer sa loi, de mettre à rude épreuve les efforts des meilleurs spécialistes de la santé et d’exposer les limites du système sanitaire mondial.
Cette grave crise sanitaire n’est pas sans conséquences sur l’économie mondiale. Les pays en développement et plus particulièrement ceux les plus pauvres ont grandement souffert des revers qu’elle a provoqués sur la leur. Cette pandémie, avec la rapide propagation du variant omicron récemment découvert, se montre de plus en plus indomptable.
Il est toutefois permis de reconnaître que Haïti, mon pays, en dépit des criantes faiblesses de son système de santé, n’a pas trop souffert, sur le plan humain, des effets dévastateurs de ce virus. Toutefois, la prudence reste et demeure une impérieuse nécessité pour mieux contenir sa propagation.
Au cours de cette année 2021 tumultueuse, à plus d’un titre, les yeux étaient fixés, non seulement sur la grave crise politique qui, depuis les événements des 6,7 et 8 juillet 2018, s’était installée dans le pays mais aussi sur les risques d’une gestion aléatoire de cette pandémie. Les conséquences de cette longue crise et de nombreux événements politiques qui se sont produits au cours de cette année se ressentent tant sur le plan économique, social qu’institutionnel.
Ce qui doit nous interpeller tous: C’est le drame des compatriotes vivant dans les quartiers populaires et précaires, appauvris et désespérés contraints de fuir leur domicile en raison de l’insécurité provoquée par les gangs armés. C’est la mise à mort lente des jeunes professionnels, fonctionnaires publics, entrepreneurs obligés de s’endetter ou de se défaire de tout ce qu’ils ont comme ressources pour payer les rançons exigées par leurs ravisseurs.
C’est une jeunesse sans emploi, sans avenir, abandonnée à son sort, ne rêvant que de laisser son pays à la recherche d’autres cieux plus cléments. C’est l’effondrement de la quasi totalité des institutions démocratiques du pays rendues inopérantes et incapables d’assurer pleinement leurs fonctions.
C’est aussi l’aventurisme irréfléchi d’un Président impopulaire, obnubilé, par des velléités chimériques et autoritaires, de vouloir changer, contre la volonté de la population, la constitution du pays pour l’adapter à sa propre conception du pouvoir et de la démocratie. C’est, enfin de compte, la résurgence d’un temps que l’on croyait révolu, celui de l’assassinat crapuleux, à son domicile, d’un Président en fonction.
Le tableau ainsi dépeint est pour le moins sombre. Mais en dépit de tout, je ne peux me soustraire à cette longue tradition qui exige le partage mutuel des vœux à l’occasion des fêtes de fin d’année et du nouvel an. Aussi formulé-je à tout un chacun des vœux de santé, de paix, de tolérance, d’amour, de convivialité et de prospérité pour cette nouvelle année.
Ensemble travaillons pour que l’année 2022 soit meilleure que celle 2021!
Jocelerme PRIVERT
Président provisoire de la République d’Haiti (2016-2017)