Sommes-nous en train de devenir un peuple d’assassins?
📅 Texte publié le mardi 1er septembre 2020
Sommes-nous en train de devenir un peuple d’assassins? C’est la question qui nous est immédiatement venue à l’esprit en apprenant l’assassinat du bâtonnier de l’Ordre des avocat de Port-au-Prince, Maitre Monferrier Dorval. Nous étions alors au dernier vendredi de la dernière semaine du mois d’août, une semaine marquée par une augmentation de la criminalité.
Que des hommes circulant en moto tuent impunément prouve que notre corps social s’effrite, de cette effrittement qui peut s’avérer irréparable à la longue.
Six crimes et aucun témoin permettant d’identifier les assassins! Et dire que nous vivons dans une société-image ou tout est photographié ou vidéographié, pour être ensuite partagé et profusément commenté. Et les assassins courent toujours! Notre sens de sécurité ébréché depuis quelques quelques années se trouve totalement érodé. Et les deux chefs de l’exécutifs nous inondent de pleurs de crocodile.
Les assassinats en plein jour, inventoriés par les médias, montrent bien qu’aucun résident d’Haiti, ceux surtout des grandes villes, n’est à l’abri et nous pouvons tous nous retrouver victimes des éléments de ces groupes mafieux apparemment anonymes. Ils sont confortables mêmes après avoir commis leurs méfaits parce qu’ils se sentent protégés par les décideurs locaux et internationaux du moment. Ils donnent à leurs sbires la même illusion. Alors tout leur est permis. Leurs désirs deviennent des commandes. Leurs rêves, qui n’incluent d’ailleurs pas une amélioration des conditions du peuple, doivent se transformer immédiatement en réalités. Leurs projets doivent être exécutés sans délai et sans discussion même au prix du sang de leurs compatriotes, surtout de ceux et celles qui osent questionner leurs motifs, ou refusent de valider leurs plans. Ceux qui osent emprunter cette voie reçoivent des avertissements souvent sous une forme lapidaire comme celle-ci: « Ti aksidan ka rive ».
Assassiner un citoyen qui vaquait à ses occupations ou s’apprêtait à rentrer chez lui après une journée de travail n’est pas un « petit accident ». Et quand la personne ciblée est une luminosité intellectuelle, un capital pour le pays, dont l’opinion est assimilée à une protestation, le crime n’est plus un fait du jour, mais une attaque crapuleusement politique.
Monferrier Dorval avait osé questionner certains plans. Il a payé de son sang. C’est donc un nouvel avertissement lancé à ceux et celles qui ont l’obligation de relever le questionnable dans les décrets publiés à profusion ces derniers temps, d’aider le peuple à aller au-delà des slogans, de dénoncer des projets machiavéliques et la corruption. Souhaitons que ces dernies ne se laissent pas décourager, car malgré les preuves du contraires cette semaine, nous ne sommes pas un peuple d’assassins. Des assassins, il y en a certes parmi nous, mais ils ne sont qu’une infirme minorité. Au moment opportun, le verdict contre cette minorité d’assassins sera rendu public et il ne sera pas trivial. Alors, Maitre Monferrier Dorval et et ceux tombés sous les balles assassines trouveront JUSTICE. Que ce jour ne tarde pas!
J.A.