Le football haïtien n’est pas en reste: Bravo à nos Grenadiers!
📅 Texte publié le jeudi 27 juin 2019
Texte reçu le 25 juin 2019
Par Mike Kervin Joseph
Avec un parcours sans faute, bouclé par trois (3) victoires en autant de matchs, les Grenadiers, les joueurs de la sélection masculine sénior de football, se sont lancés à l’assaut de leurs adversaires à chaque rencontre et ont fini par apporter le sourire à tout un peuple qui, aujourd’hui, semble n’avoir aucune raison de sourire, vivant depuis près d’un an une situation chaotique.Les éléments de la génération post-86 à laquelle j’appartiens sont des passionnés du football, comme ailleurs ceux des décades précédentes. Nos héros du ballon rond se recrutent dans des horizons divers: Le Brésil, l’Argentine, l’Espagne et l’Italie etc… Mais les héros qui nous font sauter de joie ces jours-ci sont bien des nôtres. Ils sont Haïtiens et sont fiers de représenter leur pays. Ils s’appellent Duckens Nazon, Steven Saba, Derrick Etienne, le milieu de terrain capable de temporiser le jeu, Jems Geffrard, le solide défenseur central, pour ne citer que ceux-là sans toutefois méconnaitre le travail formidable des autres joueurs.
Notre héros aujourd’hui, c’est aussi l’entraineur Français, Marc Collat, qui, entre les mi-temps, semble trouver un moyen pour motiver les joueurs et les préparer à un bien meilleur jeu d’ensemble durant la deuxième période. On l’a toujours constaté, ils répondent mieux aux défis de l’équipe adverse durant les dernières 45 minutes.
La dernière victoire de la sélection est spéciale. Elle permet aux Grenadiers de devenir le leader de leur groupe B. Cette victoire, n’est pas le fruit du hasard. Elle est la résultante d’une sélection des joueurs motivés qui se déplacent sur le terrain sur un même rythme.
Nous nous pouvons nous permettre de dire que le football haïtien n’est pas en reste à celui des autres fédérations du continent, et l’expérience n’est nullement nouvelle.
45 ans plus tôt, le légendaire Emmanuel Sanon s’était fait un nom en atteignant les filets de Dino Zoff, le plus grand gardien de but de l’histoire du football et l’un des rares joueur à être faire partie d’une sélection championne du monde et d’Europe à la fois. Avec deux (2) buts marqués au cours de ce mondial, celui qui demeure le meilleur buteur de la sélection nationale avec 47 buts en 100 sélections, n’a pas à baisser la tête devant les statistiques de Ronaldinho en Coupe du Monde. Ce dernier a marqué le même nombre de buts que notre Manno avec pourtant deux participations dans une phase finale de Coupe du monde.
Certains diront sans doute avec ironie, que l’on ne peut comparer que ce qui n’est pas comparable et qu’il ne faut pas se pavaner trop vite cette équipe. Je répondrai que je reconnais bien qu’il reste un bon bout de chemin à parcourir, mais quand je mentionne Manno, je ne laisse parler que les chiffres. Par, exemple, avec ses 47 buts en 100 sélections, Manno Sanon fit bien mieux que l’Argentin Leo Messi qui n’avait que 46 but à son palmarès lorsqu’il fêtait sa centième rencontre en sélection contre la Jamaïque en 2015.
Il y a de quoi se pavaner. Et, pour être simplement témoins des scènes que provoque chaque but de notre sélection et qui constituent les seuls moments d’allégresse d’une population qui n’en peut plus de l’inflation galopante, du chômage endémique, de la corruption généralisée, du phénomène « pays lock » et de tous ses politiciens qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts.
La sélection haïtienne, à travers ses prestations dans le Gold Cup 2019, a permis à chaque haïtien d’être fier de sa nationalité, de son football, de ses clubs et de sa région. Il faut bien dire qu’avant la compétition, nous n’étions pas trop emballés par cette équipe.
Aujourd’hui encore on trouve de rares sceptiques qui se disent qu’il est trop tôt pour se montrer trop optimistes vis-à-vis des Grenadiers, mais qu’ils aient raison ou pas, il est plus qu’important de souligner leurs progrès et de faire front commun derrière cette équipe qui s’est réconciliée avec son public.
Mike Kervin Joseph