Message du président provisoire, Jocelerme Privert, à l’occasion du 210è anniversaire de l’assassinat de Dessalines
📅 Texte publié le lundi 17 octobre 2016
En ce 17 octobre 2016, la commémoration de la mort de l’empereur Jean-Jacques Dessalines nous ramène au souvenir d’un des jours les plus sombres de notre histoire, en même temps qu’elle nous impose une halte de réflexion et de méditation sur les péripéties de notre présent et les mésaventures de notre destin de peuple libre et indépendant.
Il y a 210 ans, en effet, le Père fondateur de la Patrie était sacrifié par des mains impies sur l’autel de sa passion pour la liberté et l’égalité, et pour cette indépendance acquise sur les champs de bataille, au prix d’un héroïsme qui n’a pas sa pareille dans toute l’Histoire universelle. La flamme de justice sociale qu’il voulait promener et implanter sur les vestiges des structures et des préjugés de l’époque coloniale s’est éteinte au Pont Rouge, dans l’ignominie d’un parricide que nous n’avons peut-être pas fini d’expier.
Parce que l’Histoire demeure un instrument d’identification et d’union nationale, nous nous recueillons pieusement en ce jour pour honorer la mémoire d’un révolutionnaire sans égal, la mémoire d’un martyr de la cause des masses haïtiennes, éprises de liberté, d’égalité et de prospérité. L’homme portait en lui le rêve grandiose de voir la terre d’Haïti appartenir, sans exclusion, à tous ceux qui avaient risqué leur vie pour la libérer du joug de l’esclavage et du colonialisme. Pour lui, l’abolition du système d’exploitation impliquait inéluctablement la suppression des préjugés de couleurs et des barrières économiques et sociales pouvant faire obstacle à la vie en communauté et à l’épanouissement de toutes les filles et de tous les fils de la jeune Nation.
Cet esprit d’abnégation et de dépassement qui a animé ce grand visionnaire de Saint-Domingue l’élève au plus haut sommet de la célébrité, dans la galerie immortelle de bâtisseurs de nations et de civilisations. Il offre à nos générations présentes et futures l’exemple et la leçon d’un combat à mener au quotidien, dans une conviction qui puise ses racines et sa foi dans le creuset de l’union qui fait la force et qui rend les peuples invincibles.
Notre Fondateur nous a enseigné la ferveur patriotique et l’Union, consacrées dans les faits par son alliance improbable avec le général Alexandre Pétion. Par ce geste, il avait accompli l’acte fondateur et généré la coalition imbattable qui allait conduire nos ancêtres sur les cimes de Vertières et à l’aube radieuse du 1er janvier 1804.
Premye chèf Leta peyi a te kwè tout bon nou pa ta kapab gen yon nasyon si ansyen ak nouvo lib yo pat mete tèt ansanm. Entèlijans li te pèmèt li dekouvri ké tou 2 gwoup sa yo, an reyalite t’ap rapousib yon menm rèv: TOUT MOUN DWE VIV EGAL EGO.
Jean Jacques Dessalines, gason kanson fè, tankou anpil lòt gwo sitwayen ki make listwa, tout moun pa té rivé konprann idéal li nan moman li t ap viv la. E se sa menm ki lakòz, yo te sasinen l sou Pon Wouj!
Tankou nou tout konnen l, gwo sitwayen sa yo pa janm mouri. Se yon verite istorik ki pa janm demanti. Entèlijans yo, volonte yo genyen pou tout moun viv byen, jan yo kwè nan moun ak nan pwogrè, toujou sèvi egzanp sou fason jenerasyon ki vini apre yo dwe konpòte yo epi aji.
Chers Compatriotes,
Aujourd’hui plus que jamais, l’exemple de Jean Jacques Dessalines doit nous servir de leçon et galvaniser nos énergies pour affronter les dures réalités auxquelles nous faisons face actuellement. Notre pays vit actuellement les angoisses de moments extrêmement difficiles, suite au passage de l’ouragan Matthew qui a dévasté cinq des dix départements du pays et causé d’importantes et douloureuses pertes en vies humaines, en dégâts matériels et environnementaux.
En ces instants d’épreuve et d’affliction, le souvenir et l’idéal du Père de la Patrie doivent nous servir de catalyseur et de ferment pour la concrétisation de cette réconciliation nationale si nécessaire au relèvement de notre pays. Qu’ils sachent nous inspirer les comportements conformes à notre quête de concorde patriotique et à l’instauration des conditions psychologiques et morales, propices au sacrifice des intérêts égoïstes et engageant la nation entière dans la poursuite d’un projet commun de bien-être collectif.
Dans la conjoncture des calamités de l’ouragan Matthew et à l’approche des élections présidentielles et législatives, je vous invite, sous les ailes tutélaires du génie du Père de la nation, à tourner les pages d’un passé trop souvent empreint de division pour ouvrir d’une main déterminée et sincère les portes d’un avenir de paix et d’unité.
Jocelerme Privert
17 octobre 2016