Simplement inacceptable et révoltant
📅 Texte publié le vendredi 3 avril 2015
Des nouvelles arrivant d’Haïti ces dernières semaines relatent de nombreux actes de violence dont sont victimes des religieux et religieuses catholiques.
Ces hommes et ces femmes, concitoyens ou missionnaires venus de partout, ont tout laissé pour devenir ferment dans une société aux tendances pétrificatrices marquées; eux qui possèdent tous les atouts pour réussir dans la vie civile (éducation, sens de responsabilité et de balance, énergie). Ils ont opté pour une vie dédiée entièrement à leurs semblables, en contribuant à leur éducation, leur bien-être physique et spirituel sans attendre aucune compensation matérielle.
Ils dirigent les meilleures écoles du pays sans l’apport de l’état. Leurs hôpitaux, pourvoyant un service de haute qualité, accueillent des malades sans discrimination de classe ou de religion. Les centres caritatifs à leur charge se penchent sur les besoins primaires des milliers d’enfants et d’adultes.
Le peuple haïtien avait toujours pris note de cet engagement et leur vouait un respect enrobé d’admiration. Les gouvernements qui se sont succédés de 1860, année de la signature du Concordat entre l’Église catholique et l’État haïtien, jusqu’à tout récemment se portait garant de leur sécurité. Ils étaient surtout protégés des aléas des révolutions, des tourmentes insurrectionnelles et des changements de gouvernement. Même les hommes de main du président François Duvalier n’osaient s’adonner aux actes crapuleux des truands qui ont ciblé leurs communautés depuis près de six mois. Les religieux ciblés par le régime de Duvalier étaient simplement expulsés. C’était le temps où les « bandits légaux » d’avant la lettre étaient soumis à une hiérarchie. In illo tempore!
Et voilà. Nous sommes à la deuxième décade du 21è siècle et les religieux catholiques deviennent d’un coup la cible de malfrats dont on ignore les appartenances ou l’allégeance, mais qui certainement font les basses besognes d’un groupe ténébreux, d’une classe, d’une dénomination ou d’une secte non chrétienne importée et installée au pays à la faveur du non-droit et de l’extrême pauvreté. Toutes les hypothèses sont permises surtout quand on considère le mutisme du gouvernement, des élites toujours prêtes à attirer l’attention de la communauté internationale sur les violations dont elles se disent victimes, des ténors de la classe politique vociférants sur tous les podiums; et surtout quand on considère ce qui se passe sur la scène internationale.
C’est simplement inacceptable et révoltant.
Haïti, contrairement aux pays où les chrétiens deviennent de plus en plus les cibles des groupes extrémistes, a embrassé publiquement l’idéal judéo-chrétien axé sur l’AMOUR, le RESPECT de la personne humaine, la RECHERCHE DE LA SAINTETÉ. Inacceptable de voir des compatriotes qui ont choisi par des vœux solennels de vivre chaque moment de leur vie cet idéal devenir la cible de telles violences. Révoltant le comportement des autorités, des élites et des politiciens traditionnels.
Faut-il se rappeler que ces religieux catholiques célèbrent l’ANNÉE DES CONSACRÉS, une année durant laquelle ils sont appelés à méditer sur les valeurs de leur choix et les règles les régissant.
Comme tous les Haïtiens travaillant ou vivant en Haïti, les religieux catholiques dont l’apport à la culture, au développement du pays est inestimable ont besoin de liberté et d’un maximum de sécurité pour remplir leur mission, une mission qui demande des sacrifices quotidiens, un dépouillement presque total au niveau individuel, une grande sérénité et, bien sûr, une certaine préparation au martyr « comme témoignage ultime de leur foi ». S’il faut attirer l’attention sur leurs communautés, qu’on commence par les supporter en leur donnant ce minimum.
J.A.