Pasko, le plasticien narrateur
📅 Texte publié le vendredi 13 février 2015
Texte reçu le 9 février 2015
De Robenson d’Haiti
Cric, crac ! Il était une fois la terre maigrissait. Et les arbres se sont laissé pousser des seins pour l’allaiter… Ainsi nous parlerait une toile de Pierre Pascal Mérisier (Pasko), le conteur qui nous peint des légendes.
L’artiste compose son récit pictural à partir d’une combinaison d’éléments graphiques qui se chevauchent, en vue de donner un sens inédit aux choses. Par exemple, j’ai pu voir, dans un de ses tableaux, un manchot dont le bras manquant lui sert de pénis en passant par son trou du cul. Tout cela est bien lisible et visible, car Pasko tient toujours ses formes à distance du fond.
À travers les œuvres qui viennent d’être décrites, il apparaît clairement que, chez Pierre Pascal Mérisier, le pinceau tourne spécifiquement autour d’un corps réinterrogé selon le projet du tableau. Il peut s’agir du corps d’un arbre, d’un animal ou d’une personne. Ce corps, à ne pas confondre avec la figure humaine qui est souvent pour l’artiste un prétexte, est toujours sobrement immergé dans les couleurs pour que le tracé survive.
C’est pratiquement aussi les mêmes tactiques de composition dans ses gravures. On dirait des arabesques. Un entrelacs de lignes sinueuses fissurent le panneau et le rythment pour plonger le regardeur dans un univers d’expressions visuelles.
Dans ses derniers bois gravés, l’artiste montre une série de femmes dont les doigts de pieds prennent racine profondément dans la terre. Cela permet de comprendre les approches thématiques de Pasko et la symbolique véhiculée par chaque forme créée.
Sans violer l’intimité des significations dont se nourrissent ces gravures, j’entends faire remarquer que, dans deux des nouvelles créations de Pasko, les longs orteils des femmes ci-dessus mentionnées se ramifient, se croisent et s’enfoncent dans les entrailles de la terre pour en constituer l’ossature. À travers la représentation de ces êtres féminins qui s’enracinent dans le sol, l’artiste pose ainsi la question liée à la fertilité de l’arbre et à la fécondité de la femme. Une quête esthétique à approfondir !
Voilà mes impressions après avoir effectué une visite, cette semaine, dans l’atelier du peintre qui prépare sa prochaine exposition.
Robenson D’Haïti