Petite note sur un tableau de Frantz Zéphirin
📅 Texte publié le vendredi 19 décembre 2014
Texte reçu le 17 décembre 2014
De Robenson D’Haïti
Sa bouche, bateau à rames, vogue sur un océan de salive. Voilà ce que m’aurait raconté, au soir du 12 décembre, un tableau de Frantz Zéphirin. Cette œuvre témoigne d’une spécificité poétique qui la détache étrangement des trente-neuf (39) autres toiles de Zéphirin en exposition à la Galerie Nader jusqu’au 30 décembre 2014.L’œuvre se déploie sur un double espace. En haut, un grand œil multi-regard patrouille à la nage dans les profondeurs abyssales de la mer. Au milieu, dix têtes s’alignent pour délimiter les frontières maritimes. En bas, c’est cette bouche bateau qui compte moins de passagers que de dents.
Je n’ai pas tort de vous parler de ce que vous ne verrez peut-être pas dans une œuvre qui serait habilitée, par sa composition, à tromper la vigilance du regardeur. Dans ce tableau, dont le titre m’échappe, j’ai vu aussi la mer ramer de toutes ses forces pour quitter son lieu inondé. Frantz Zéphirin a le mérite de savoir dépasser le motif pour ouvrir à l’infini.
e visage bleu du marin est parsemé d’étoiles. C’est grâce à cette constellation que je suis parvenu à localiser le ciel flottant à la surface de la mer dont les vagues dévoilent le geste scripteur de l’artiste. De petits traits se succèdent, comme des hachures, pour tapisser la toile. Voilà la marque du style Zéphirin tel qu’il m’a été expliqué par le peintre lui-même : « La patience de charger le tableau sans nuire au plaisir visuel ».
L’exposition, qui a été inaugurée le 12 décembre 2014, se poursuivra jusqu’à la fin de l’année. Pour ceux qui se rendront à la Galerie Nader pour contempler d’autres œuvres de Frantz Zéphirin, je note l’intelligence avec laquelle l’artiste exploite le potentiel expressif que lui offre le pinceau…
Robenson D’Haïti