Merci, Magistrat Menino
📅 Texte publié le lundi 3 novembre 2014
La ville de Boston, dans l’État du Massachusetts, vient de faire ses ADIEUX à l’un de ses dignes fils et maire: Thomas M. Menino.
Durant les 15 ans d’existence d’Haïti-Reference, c’est donc la deuxième fois que nous nous servons de ces colonnes pour rendre hommage à une personnalité non haïtienne. Dans les deux cas, il s’agit d’hommes qui ont eu à cœur la cause haïtienne ou ont défendu des Haïtiens qui ont choisi de faire des États-Unis leur terre d’adoption, sans attendre en retour un gain politique. Dans les deux cas, il s’agit également de leaders dont les actions et la cohérence politique transcendent leur space ou le cercle de leurs mandats.
Tout d’abord, parlons du leader qui fait aujourd’hui l’objet de notre attention.
Devenu maire en 1993, Thomas Menino, un ancien conseiller municipal représentant le quartier de Hyde Park où il a vu le jour et a vécu toute sa vie, fut réélu sans difficulté cinq fois. De son accession à la municipalité à sa retraite, il y a seulement neuf mois, il travailla d’arrache-pied pour redynamiser une ville qui périclitait, après les soubresauts des années ’70, pour reconstruire des quartiers capables de mieux répondre aux besoins de leurs riverains, pour encourager et inviter les entreprises à s’installer et investir dans la ville, pour transformer les écoles, pour rehausser la structure économique de la ville par des innovations adoptées au changement du temps et à sa nouvelle configuration démographique.
Boston était fier de son maire, plus connu sous le vocable de « maire du peuple » ou de « maire de quartier ». Il appréciait son travail de transformation, d’assainissement. Les minorités de la ville l’adulaient parce qu’elles détectaient en lui un protecteur contre la pratique d’exploitation des institutions financières et surtout parce qu’il faisait siens leur plaidoyers.. Les immigrants portaient bien haut son nom parce qu’il encourageait la diversité dans son administration, dans sa ville et surtout parce qu’il exigeait un traitement égal pour tous et ce, sans compromis.
Cette fierté et cette adulation, les Bostoniens les ont exprimées le dimanche 2 novembre, quand, bravant les intempéries, ils ont défilé par milliers devant sa dépouille exposée à Faneuil Hall, un édifice chargé d’histoire. Et le jour suivant, quand sur le parcours de son cortège funèbre, ils se sont encore alignés pour, pancartes et drapeaux en main, lui manifester leur GRATITUDE.
Le « maire du peuple », le « maire de quartier » fut également un champion de la cause des Haïtiens. Nous n’oublierons jamais sa compassion, sa proximité et surtout sa prompte intervention après le tremblement de terre de janvier 2010. Moins de 24 heures après le séisme dévastateur, il a pu convaincre des partenaires et mettre sur pied un centre de communication qui offrait des appels sans frais vers Haïti aux Haïtiens vivant dans la zone métropolitaine. Nous avons eu le privilège de travailler comme volontaire dans ce centre pendant les premières semaines et partager l’angoisse de nos compatriotes quand ils n’arrivaient pas à rejoindre un membre de leurs famille, ou leur soulagement quand de l’autre côté du fil, une voix familière atténuait leurs inquiétudes.
Avec la ville de Boston, nous voulons lui dire Merci.
Thomas Menino, Merci pour votre compassion!
Merci pour votre attention!
Alors que nous célébrons votre vie, nous faisons le souhait que vos actions comme maire de ce Hub urbain qu’est Boston servent de modèles aux autres élus de la région, et pourquoi pas, à ceux d’Haiti.
Bonne route, Magistrat et que Dieu vous accueille dans son sein!
J.A.