Endoctrinement de nos jeunes à l’étranger

Pour un parent, envoyer un enfant étudier à l’étranger ajoute à sa dose quotidienne d’inquiétudes. Il se soucie de la sécurité de cet enfant évoluant désormais loin du relatif confort du foyer, surtout quand la faculté où il s’est inscrit relève d’une université située en plein  milieu urbain avec un campus pouvant couvrir nos grands villages. Il se pose constamment des questions sur la qualité de son régime alimentaire et la fréquence des repas. Ses cauchemars sur la décence, la vertu, ou l’estime de soi de ses nouveaux amis et camarades deviennent plus fréquents. Bref, il s’inquiète au quotidien de son bien-être.

Cependant, l’endoctrinement systématique dans les salles de classes ou sur le campus agrémenté de projections racistes demeure souvent une possibilité qui échappe aux parents qui ont pris cette décision après d’énormes sacrifices.

L’idée de ce danger ne m’a effleuré que tout récemment et ce,  après une longue conversation avec une de mes filleules. Après le tremblement de terre, elle a été acceptée par une fameuse université de la République voisine. J’étais abasourdi de l’entendre répéter avec conviction des balivernes anti-haïtiennes que m’avait débité, presque sans ponctuation, un petit jeune Dominicain sur les Haïtiens, Haïti, l’histoire et les relations haïtien-dominicaines, il y a près de deux décades. Se disant acceptée par les Dominicains parce que « d’une certaine culture » et « ayant beaucoup d’amis », elle essayait de me faire comprendre que ses hôtes ont tout à fait raison de « protéger leur culture et leur race ».

Suite à une interview subtile, j’ai compris alors que cette jeune fille qui, en laissant Haïti, subissait déjà les méfaits des préjugés alimentés localement, n’avait aucun sens d’analyse et était complètement dépourvue d’une conscience nationale. Elle affichait en effet une ignorance de l’histoire de son propre pays et titubait sur les grands faits ou le profil de nos héros. Pour ce, elle devenait une proie facile des professeurs d’histoire de l’autre côté animés d’un nationalisme visqueux, et d’agents placés dans les campus pour l’endoctriner ou, le cas échéant rendre floue sa vision sur sa société par une désinformation systématique longtemps pratiquée dans leurs lycées et dont les fruits amers, Haïti récoltera dans une ou deux décades.

Voilà donc une génération qui va nous échapper et pourra même s’ériger en ennemi du peuple haïtien, en obstructionniste de son développement et des débats sains parce que, défendant plutôt les intérêts d’autrui, ou se soumettant complètement aux désidératas de l’étranger.

Aux inquiétudes des parents pour leurs enfants étudiant à Santo Domingo ou à Santiago devraient donc s’ajouter celle de la possibilité d’un endoctrinement systématique  et autres formes de manipulations psychologiques comme la propagande anti-haïtienne à outrance.

De la même façon que beaucoup essaient, une fois la décision prise, de les préparer contre les mauvaises surprises en aiguisant leur sens de responsabilité sociale, ou en les saturant de conseils moraux, ils devraient également avec le même sérieux et vigueur leur faire comprendre le danger de certaines informations émises en classe, sur les campus du territoire voisin ou dans les média, en raison des intentions et de la mauvaise foi de ceux qui les véhiculent.

À côté des parents, d’autres acteurs doivent également jouer leur part: