Bonjour Liberté!
📅 Texte publié le dimanche 14 juillet 2013
Texte reçu le 11 juillet 2013
Par Jean L. Théagène
En faisant du 14 Juillet, date de la prise de La Bastille, de l’éruption par le bas peuple d’une prison séculaire, le jour le plus important de son calendrier, La France, a voulu, sans nul doute, signifier au monde l’attachement irréversible de son destin à la cause de la Liberté. Terre de Gaulois frondeurs et fonceurs qui n’hésitèrent pas à bousculer les lignes romaines dans l’étau des guerres d’expansion, Patrie de Vercingétorix, des Mérovingiens, des Carolingiens, de Ferdinand de Lesseps, de Louis Pasteur, de Napoléon Bonaparte, La France ne serait pas La France si elle n’avait ajouté à son palmarès ce nettoyage à grandes eaux des écuries crasseuses de son histoire. En effet, en ce matin de 14 Juillet, Paris en ébullition et en flamme ébranla l’édifice multiséculaire de l’absolutisme royal en lui opposant la force montante des députés du tiers.
Réunis d’abord en Assemblée Nationale ensuite en Constituante, ces Parlementaires, fatigués des excès de la noblesse et des fastes de la Couronne finirent par imposer leurs vues aux responsables politiques de l’époque. Expression de la colère soulevée par les frustrations de toutes sortes, la prise de la Bastille, forteresse construite à Paris, porte Saint Antoine qui, de Citadelle militaire était devenue prison d’État, marquait la rupture brutale avec les symboles de l’arbitraire royal. Un mauvais sort était fait aux tabous.
Désormais, et ceci pour au moins cinq ans, la Révolution Française s’installait dans le règne de la Terreur et se consolidait au fil d’un émondage par le haut qui n’épargna aucune branche, fût-elle la mieux placée. Louis XVI et Maximilien de Robespierre en savent long sur les aléas du pouvoir temporel.
Mais à côté des turpitudes historiques qu’il charriait, du sang impur qu’il drainait dans la sordidité de ses esclandres, le 14 Juillet était aussi porteur d’espoirs et dispensateur de rêves de félicités. Et si les monarchies Européennes ont pris ombrage de la révolution Française, c’est simplement parce qu’elles voulaient éteindre toute velléité de sympathie de leurs populations endormies vis-à-vis de ce mouvement dangereusement contagieux. Quoi qu’il en soit, l’Histoire aura retenu qu’à partir des idées généreuses exaltées par la Révolution de 1789, le vent de la décolonisation avait commencé à souffler pour cette puissance qui, paradoxalement, s’attachait aux privilèges de son expansionnisme hégémonique. Malheureusement, pour les adeptes de « deux poids, deux mesures » si l’on peut jauger la matière, on n’arrive jamais à comprimer la pensée ou à emprisonner les idées dans un bocal d’illusions. Les échos de 89 ont ainsi traversé les océans, vaincu les distances énormes, porté la race exploitée en sous-humanité à décoder magistralement le Message du 14 Juillet.
Un exercice pratique de fondation d’institutions politiques commença donc dès l’ouverture des hostilités. Les États Généraux et l’Assemblée Constituante peuvent être considérés comme les premiers moments de la Révolution. L’Assemblée Législative vit la confirmation officieuse de la fin de la Royauté en France. La Convention nationale proclame la République le 22 Septembre 1792 et vit l’exécution de Louis XVI aussi bien que la décapitation de Robespierre. Le Directoire ressuscite le fantôme de Bonaparte dont le début du Consulat marque la fin de la Révolution.
Entre temps, les idées faisaient leur chemin. Émanées de la France, elles en traversèrent les frontières, écumèrent les océans, essaimèrent sur les rivages de lointaines colonies. Avec les résignés de l’esclavage, le choc fut si brutal et l’impact si profond que telle la pierre philosophale, ils transformèrent les sous-hommes en hommes, les hommes en guerriers, les guerriers en demi-dieux. La Révolution Française devint donc une marchandise exportable et de fait, elle s’exporta à travers l’Amérique, la Caraïbe, le Monde, secouant les torpeurs du fatalisme et exorcisant les démons. du renoncement.
Si nous avons dû nous insurger contre elle, lorsque des forces réactionnaires, prétendant agir en son nom, tentèrent de nous replonger dans l’état d’ignominie duquel notre Révolution, fille de la Révolution Française, nous avait à jamais arrachée, si notre traitement sanglant de la population civile française répondit de façon sinistre à l’innommable barbarie des soldats de Rochambeau, jamais Haïti n’a voulu rompre de façon totale les liens qui l’unissaient à La France. L’acte même de notre indépendance, malgré le rejet solennel de La France, qui s’y proclame, cet acte capital n’implique-t-il pas, de par sa rédaction en français, la reconnaissance tacite d’une filiation naturelle que les horreurs de la guerre ne pourront point anéantir.
Si Haïti a dû par la suite accepter le paiement d’une liberté acquise par le sang sous la forme d’une dette d’indépendance qui a pesé de tout son poids sur l’avenir de la jeune nation, on oublie que La France qui nous imposa ce terrible marché ployait elle-même sous le joug de l’un des régimes dictatoriaux les plus impitoyables de son histoire : le règne de Charles X. Entre temps, Victor Hugo rééditait son Bug-Jar gal. Bientôt, Alphonse de Lamartine ressuscitait Toussaint Louverture au théâtre de la cour de Louis-Philippe et le turbulent auteur de Rola évoquait par son héros Byronien l’épopée des héros noirs de la Liberté : « Nègres de Saint Domingue, après combien d’années … »
De notre côté, la France s’enorgueillissait du titre français d’un de nos héros de guerre et de deux de nos plus célèbres écrivains. Autant dire qu’entre elle et nous, les liens ne se sont, jamais vraiment, relâchés. Au demeurant, le 14 Juillet aura fait de La France éternelle et frondeuse le terreau idéal pour la croissance et l’évolution des talents qui, en désespoir de cause, ne craignent pas d’affronter les deux extrêmes pour doter le monde d’un nouvel équilibre à la mesure des aspirations de tous : Pays développés, et en voie de développement.
En ce jour du 14 Juillet qui commémore à la fois la fête d’un pays frère et la chute d’un bastion de l’oppression et de la tyrannie, nous présentons aux Français dont le mondialisme éclairé participe du réveil conjoncturel des patriotismes conscients de la nécessité d’adopter les nouveaux concepts d’interdépendance, de non-ingérence, et surtout de solidarité simplement humaine, nos vœux sincères de bonheur et de prospérité continus.
Dr Jean L. Théagène