Communiqué de Mémoire d’encrier: Décès de de l’écrivain Raymond Chassagne
📅 Texte publié le mardi 28 mai 2013
Texte reçu le 27 mai 2013
Mémoire d’encrier a le regret d’annoncer la triste nouvelle du décès de l’écrivain Raymond Chassagne, survenu tôt le lundi 27 mai à l’âge de 89 ans, suite à son hospitalisation sur la rive Sud de Montréal. Mémoire d’encrier présente ses condoléances à ses enfants, Alex, Karine et Boris.
Né le 13 février 1924 à Jérémie (Haïti), Raymond Chassagne est un ancien officier de l’Armée, qui a connu l’exil après un procès politique et une incarcération de neuf mois, dans les prisons de François Duvalier. Séjournant aux États-Unis de 1959 à 1966, et ensuite au Canada où il obtient un diplôme de maîtrise à l’Université McGill en 1975, avec un mémoire portant sur l’œuvre poétique d’Aimé Césaire. Il poursuit ses études à l’Université de Montréal et prépare une thèse de doctorat sur l’œuvre d’Édouard Glissant en 1979. Il enseigne la littérature au Québec jusqu’à son retour en Haïti, en 1979. Il dispense des cours de littérature et de méthodologie à l’Université d’État d’Haïti à partir des années 1980.
Poète, essayiste, Raymond Chassagne est l’auteur d’une œuvre de haute exigence, qui va de la prose analytique à l’écriture poétique. Le point nodal de son œuvre est l’aventure haïtienne, qu’il définit comme un « parcours chargé de défis : la dénaturation de la création d’un pays, les subséquences mythiques et les difficultés rencontrées dans la construction d’une véritable citoyenneté ».
Ses poèmes ont été lus et endisqués par son ami et compagnon d’exil, le poète Anthony Phelps avec qui il a cheminé à Montréal, dans une belle amitié qui a donné sens à leur combat contre la dictature, pour la poésie et pour le réveil du pays natal.
Dans son dernier recueil de poèmes, Éloge du paladin (2012), Raymond Chassagne guettait « la voix des troubadours de jadis ou des paladins poètes, lesquels persistent à proposer des voies un peu moins industrialisées, plus claires, plus accessibles, plus humaines en tout cas, et grâce auxquelles l’homme pourrait enfin retrouver sa juste mesure. »
On a pu voir Raymond Chassagne, à Montréal, au Centre N A Rive où il était l’invité d’honneur à la Journée du livre haïtien (18 août 2012) et à la librairie Zone libre (27 octobre 2012) où il lançait son recueil Éloge du paladin. Son fils Boris lui a rendu en ces deux occasions un vibrant hommage.
Il a su mêler sa voix à celle des grands poètes du continent américain: Saint-John Perse, Léon Gontran Damas, Aimé Césaire, Édouard Glissant. Il est le dernier de ces paladins, attachés aux mots de la tribu. Sa passion est son pays. La question de Raymond Chassagne est connue de tous?: Comment éviter ce « graduel épuisement de l’espoir » afin de trouver la voie pour un vivre-ensemble? Il a passé sa vie à réfléchir sur le mot juste, l’analyse qui dit ce pays déchu, ce « carcéral insulaire »:
Nous vivons d’heures tristes et de chandelles éteintes;
ce n’est pas pluie d’étoiles pour enfants en décembre, mais pluie de cris.
Ce n’est pas seulement un poète, mais un ami que nous perdons.
Mémoire d’encrier