L’infâme palme revient à…
📅 Texte publié le mardi 28 décembre 2010
… L’année 2010.
Alors qu’on pensait que l’année 2003 fut celle de tous les malheurs(1) et que notre pays avait alors atteint le fond de l’abime, l’année qui est en train de s’achever nous fait découvrir des couches souterraines jusque là insoupçonnées. 2010 a donc remporté à ce point l’infâme palme dans la catégorie de : «annus horribilis».
Il nous faut pourtant éviter toute exultation à l’approche des dernières heures de cette année de malheurs et de deuil et nous demander plutôt ce que la nouvelle année contient dans son Makout(2). L’héritage étant déjà très lourd, un certain réalisme le commande.
Par example:
Le sort des compatriotes qui vivent dans des camps et font face à des difficultés inimaginables pour ceux qui ne partagent pas leur sort ne s’améliorera pas comme par enchantement dans les premiers jours, que disons-nous, les premiers mois de ce nouvel an.
L’épidémie de choléra dont l’origine suscite bien de controverses et qui a déjà fait des milliers de victimes, ne disparaîtra pas au douzième coup de minuit et le nombre de ces victimes augmentera probablement, par manque de soin, d’hygiène ou par ignorance.
Nous ne retrouverons pas subitement, le jour où nous devrions célébrer le 207ème anniversaire de notre indépendance, cette souveraineté acquise au prix du sang de nos ancêtres, et qui nous a échappé depuis près de 25 ans, et nos leaders ne seront pas guéri, comme par miracle, de cette morbide léthargie qui semble les atteindre tous.
Les requins qui entrevoient des occasions juteuses dans l’épanchement de nos malheurs ne s’éloigneront probablement pas de sitôt de nos côtes et feront probablement leur possible pour maintenir les conditions favorisant cette situation. Seront toutefois forcés de plier bagage ceux qui auront l’audace et la témérité de dénoncer les gabegies administratives du conseil électorale provisoire, le manque de vision de la force multinationale implantée dans le pays depuis près de six ans et dont son chef civil s’immisce dans toutes les affaires sans se soucier des possibles bavures diplomatiques. Les représentants des organismes internationaux qui osent questionner l’action de la communauté internationale en Haiti et des ONG opérant sur le terrain seront tout simplement destitués(3).
La crise politique exacerbée à la suite des élections ratées du 28 novembre dernier ne se résoudra pas de sitôt, l’arrogance des conseillers électoraux, la duplicité du gouvernement et l’irresponsabilité des leaders de l’opposition et de certains candidats aidant.
Ceux et celles qui haïssent et qui se complaisent dans cet état morbide, continueront bien à haïr et les destructeurs invétérés ressasseront les mêmes sophismes pour continuer à détruire.
Il ne faut surtout pas s’attendre à un «Mea culpa» suivi d’une sincère conversion de ceux qui attisent les feux de la discorde.
Bref, l’année 2011 ne changera pas grand-chose en Haïti. Souhaitons toutefois qu’elle ne s’accompagne de surprises désagréables et d’autres tragédies.
En attendant, tout en restant réalistes, « fortifions nos âmes », et confions le reste à Celui qui a créé le ciel et la terre et qui continue à veiller sur nous malgré certaines preuves du contraire.
AVEC NOS SOUHAITS D’UNE BIEN MEILLEURE ANNÉE 2011!
J.A.
28 décembre 2010
✍ Note:
- Voir: Bicentenaire de l’indépendance: une occasion râtée.
- Makout: Sac de paille de latanier
- Ricardo Seitenfus , le représentant de l’OEA en Haiti, qui, lors d’une entrevue accordée au journal suisse Le Temps, avait fait une analyse critique de la MINUSTAH, de l’action de la communauté internationale en Haiti et des ONG opérant sur le terrain, a été rappelé deux jours plus tard alors qu’il n’avait pas bouclé son mandat. Ce rappel est attribué par plus d’uns à une action revancharde. («Haïti est la preuve de l’échec de l’aide internationale» Le Temps. Publié le 20 décembre 2010.