Coup d’oeil sur le mois de février 2004
📅 Texte publié le samedi 7 février 2009
Février 2004:
Il fut immédiatement assimilé à un héros, un combattant pour la liberté (freedom fighter), devenant ainsi l’homme envoyé par la Providence (entendons par là les partenaires tout-puissants des groupes de l’opposition) qui devrait précipiter le départ du président Jean-Bertrand Aristide en dirigeant une insurrection contre le gouvernement de ce dernier et en s’accaparant pendant, près de trois semaines, des villes importantes des départements de l’Artibonite, du Nord et du Plateau central.
Aujourd’hui, cinq ans après son aventure, il est à nouveau un fugitif, dénoncé par l’organisation des droits humains qui l’encensaient en 2004, sa candidature au sénat jugée non-recevable par le Conseil Électoral Provisoire1, ignoré par les groupes qui l’accueillaient en grande pompe en mars 2004 à Port-au-Prince.
Tout avait commencé le 5 février quand un groupe d’anciens partisans du président Aristide, révoltés après l’assassinat d’un des leurs, Amiot Métayer, quelques cinq mois plus tôt, s’accaparèrent d’un poste de police, tuant certains des policiers et mettant ainsi la ville hors de l’emprise du gouvernement et de la Police nationale. A la surprise de plus d’uns, ils furent immédiatement rejoints par un contingent armé venant de la République Dominicaine et dirigé par Guy Philippe et Louis Jodel Chamblain2. Quatre jours plus tard, se présentant sous le vocable de Front pour la Libération et la Reconstruction Nationales (F.L.R.N.), ils émirent un communiqué où il déclarèrent poursuivre les objectifs suivants:
- Débarrasser le pays de la dictature et de la tyrannie lavalassiennes.
- Coordonner et structurer par le truchement du « Conseil du FLRN », le mouvement de la libération et de la reconstruction nationales.
- S’atteler par le truchement du « Comité de Gestion Économique et Sociale » aux problèmes d’urgence qui se posent dans les villes et localités libérées, en particulier ceux qui ont trait à la sécurité.
- Créer et déclencher les mécanismes qui vont permettre de mettre le peuple au travail dans les meilleurs délais, afin de porter remède le plus rapidement possible au chômage généralisé, à la disette, en même temps qu’au parasitisme.
- Resserrer nos relations avec nos partenaires et alliés internationaux sur une base d’amitié, de responsabilité et de respect mutuel3.
- 7 fevriye 2001,
M te sémanté pour respekte e fè respekte Konstitisyon an. - Aswè a, 28 Fevriye 2004, mwen toujou deside
Respekte et fè respekte Konstitisyon an.
Konstitisyon an se garanti lavi ak lapè.Konstitisyon an pa dwe nwaye nan san Pèp Ayisyen.
Se pou sa, si aswè a se demisyon m ki pou evite yon beny sam,
M aksepte ale ak espwa va gen lavi et non lanmò. - La vi pou tout moun.
Lanmò pou pèsonn.
Nan respekte Konstitisyon an.
E nan fè respekte Konstitisyon an.
Ayiti va gen la vi ak lapè4.
J.A.
✍ Notes:
- Des élections pour le renouvellement du tiers du sénat sont prévues au 19 avril 2009. 40 candidats ont été écartés par le Conseil Électoral Provisoire (CEP) dont les candidats du Parti Lavalas. [Message du CEP publié dans la nuit du 5 au 6 février]
- Numéro 2 et Coordonnateur du Front pour l’Avancement et le Progrès d’Haïti (FRAPH), le groupe qui terrorisait Port-au-Prince, durant le période du coup d’état (1991-1994), condamné par contumace dans le procès du Massacre de Raboteau et dans celui de l’assassinat du commerçant Antoine Izméry, Louis Jodel Chamblain, fut brièvement incarcéré en 2004. Il fut tué le samedi 9 avril 2009, lors d’une confrontation avec la police.
- Message du 9 février 2004. Des objectifs qui ressemblent beaucoup plus à un programme de gouvernement.
- « 7 février 2001.
J’avais juré de respecter et de faire respecter la Constitution.
Ce soir, 28 février, je suis toujours décidé à respecter et à faire respecter la constitution.
La Constitution est la garante de la paix et de la vie.
La Constitution ne peut être teintée du sang du peuple Haitien.
Ainsi, si ce soir, ma démission peut éviter un bain de sang,
Je me résigne à partir avec l’espoir que la vie et non la mort triomphera.
La vie pour chacun de nous!
La mort pour aucun d’entre nous!
En respectant et en faisant respecter la Constitution.
Haiti finira par vivre dans la paix et la sérénité. »[Traduction de Haiti-Référence]Le première traduction de l’Ambassade américaine omit la conjonction « si » publiant ainsi la traduction de la phrase-clé du texte par: « Tonight I am resigning in order to avoid a bloodbath » [Pour éviter un bain de sang, je démissionne ce soir]. Plus tard, le Département d’État américain demanda à Bryan Freeman, un spécialiste du créole haitien et directeur de l’institut des Études Haïtiennes de l’université de Kansas, d’en faire une traduction un peu plus fidèle.