Un stigmate qui tarde à disparaitre
📅 Texte publié le mardi 4 décembre 2007
Vice-doyen des étudiants au City collège de l’Université de la ville de New York, je fis alors appel à un groupe d’étudiants Haïtiens dont Gilbert Hyppolite, Mario Jean et Mildred Trouillot « Aristide », tous connus pour leurs qualités de leadership. Nous commencions par mettre au point des stratégies devant conduire à une protestation publique. Les jalons posés furent récupérés par toute la communauté; et le reste relève de l’épopée. Qu’on se souvienne seulement de la grande marche du 20 avril 1990 où des milliers de compatriotes, soutenus par des amis américains et antillais, obligèrent la CDC à battre en retraite.
Vingt ans plus tard, Dr. Michael Worobey de l’Université de l’État de l’Arizona et Dr. Arthur Pichnick reviennent à la charge à travers une conclusion ne se basant sur aucune preuve scientifique : Le premier porteur du virus du Sida serait un Haïtien infecté lors de son séjour au Congo.
Pour l’édification du lecteur exposons quelques faits :
Durant les années ’60, une légion de professionnels Haïtiens répondit à l’appel des Nations-Unies en se rendant au Congo qui venait d’acquérir son indépendance et ainsi contribuer au développement de ce pays. Leur contrat expiré, ils repartirent pour le Québec rééditant le travail innovateur dans les champs de l’éducation et du développement.
Un ouvrage récemment publié et portant le titre Ces Québécois venus d’Haïti : contribution de la communauté haïtienne à l’édification du Québec moderne [Montréal : Presses internationales Polytechnique, 2007; édité par Samuel Pierre avec une préface de l’ancien ministre du Québec Jean Parizeau] rend hommage à ces compatriotes qui sont devenus une inspiration pour les citoyens du monde… et dont le Québec ne peut oublier ni le nom…, et encore moins les actions…
A l’âge de la retraîte, ces pionniers, jouissant encore d’une santé robuste et d’une certaine prospérité… se la coulent douce en Floride ou dans les hauteurs de Port-au-Prince.
Worobey et Pichnick, pour paraphraser Dr. Paul Farmer, ont choisi « la voie de la calomnie et du dénigrement » en présentant une étude-bidon dont la frivolité est dénoncée par Luc Montaignier, un médecin et virologiste français, découvreur en 1983 du virus du sida.
Haïti, comme tous les autres pays du globe, est atteint par ce fléau, mais elle s’est placée à l’avant-garde dans la lutte, ce avec l’aide de médecins et d’institutions dont les docteurs J.W. Pape de la Cornell University, Paul Farmer de l’éminente Harvard University et des médecins sans frontières¹. Son exemple est souvent cité dans les conférences internationales et symposiums sur le Sida.
Souhaitons que Michael Worobey et son consort feront preuve d’intégrité en suivant les traces du William Darrow qui avait finalement admis la fragilité des bases sur lesquelles reposait la fameuse théorie des 4-H.
En attendant le mal est fait, et les Haïtiens deviennent encore des boucs émissaires.
✍ Note:
Le texte précédent est une traduction partielle d’un article rédigé en anglais et publié sur le site Web Caribbean Net News le 23 novembre, 2007.
L’auteur, Mr. Jean H. Charles, un avocat, est présentement directeur exécutif de l’AINDOH, une organisation à but non-lucratif travaillant pour une zone antillaise beau-coup plus chaleureuse et accueillante.
Publié sur ce site avec la bienveillante autorisation de l’auteur.
¹ En Haïti, la prévalence du sida est passée de près de 10% de la population dans les années 90 à environ 3% en 2006, grâce à l’effort conjugué de ces personnes et de nombreuses autres organisations